Je rêvais depuis longtemps d’observer et surtout de photographier le jaseur boréal tout droit arrivé des forêts de Sibérie ou de Scandinavie. J’avais déjà raté mon rendez-vous avec ce splendide passereau aux couleurs quasi exotiques où se mêlent le beige, le noir, le jaune, le rouge et le blanc lors de l’hiver 2012 où notre région a connu une arrivée massive de ces oiseaux dès la fin du mois de novembre, notamment sur le littoral dunkerquois. Quelques individus ont même été observés à proximité de la métropole lilloise durant la même époque alors qu’ils venaient de traverser l’Allemagne par milliers pour se réfugier plus à l’ouest, vraisemblablement par manque de nourriture en Europe centrale et orientale.
La dernière invasion importante de jaseurs boréaux en France remonte à l'hiver 2004-2005 et avant cela, durant la saison froide 1965-1966. Généralement, pas plus de cinq jaseurs viennent jusqu'en France chaque hiver ; rarement quelques dizaines.
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L’hiver dernier, aucun individu n’a été observé dans le nord de la France ; néanmoins, une petite dizaine le fut en Belgique, ainsi qu’aux Pays-Bas, mais seulement durant une courte période. Je désespérais donc de pouvoir rencontrer cet hiver ce fameux jaseur. Lorsque quelques ornithologues belges ont observé début février quelques individus – quatre femelles à la recherche de nourriture sur la commune de Uitkerke (entité de Blankenberge) sur la côte belge.
C’est à cet endroit que j’ai pu réaliser ces quelques images. Un autre jaseur a été aperçu également durant la même période dans la commune de Flostoy, non loin de Namur, dans les Ardennes.
De la taille d’un étourneau, sa silhouette est trapue. Il arbore un plumage à l’aspect de soie, de couleur rose-saumon, et possède un bandeau noir sur la tête, ainsi qu’une bavette noire sur la gorge. Il porte une large huppe pointue de couleur ocre-roux qui peut se dresser à la verticale. Un fin sourcil noir se prolonge jusqu’à la nuque, lui cernant les yeux tel un masque.
Deux tâches blanches et une pointe rouge marquent les ailes. Sa courte queue noire se termine par une bande jaune. Le dessus est brun gris et le dessous gris rosé avec bas-ventre roux marron. Le jaseur a un régime frugivore, mais en saison de reproduction, il est insectivore et peut également se nourrir d’araignées. Les fruits n’étant pas très nourrissants, cet oiseau absorbe souvent son poids de baies en quelques heures seulement.
On estime qu’un seul oiseau, se nourrissant dans un arbuste de baies rouges, dévore entre 600 et 1 000 baies en une seule journée, c’est-à-dire plus de deux fois son propre poids !
Par le passé, les apparitions irrégulières des jaseurs ont souvent frappé l’imagination populaire. Ces oiseaux inconnus et bariolés étaient considérés comme messagers de malheurs, annonçant la guerre, la peste ou au mieux, les grands froids. Chez nos ancêtres, les petites tâches rouges semblables à des gouttes de sang sur les ailes de l’oiseau étaient signe de malheur. Et pour cause : deux invasions de jaseurs avaient précédé les deux guerres mondiales !
Le hibou des marais un hivernant fidèle à notre région
Quant au hibou des marais, il est un hivernant régulier dans le nord, en baie de Somme – notamment au Hâble d’Ault – ainsi que dans les polders en Flandres (région de Uitkerke, sur la côte belge).
Mais c’est dans le sud du département du Nord que les hiboux des marais se retrouvent en plus grand nombre, se réunissant en deux dortoirs. Cet hiver, dix-sept individus ont été comptabilisés sur le site. Il faut préciser que ce biotope est particulièrement remarquable pour ces petits rapaces.
La nourriture y est également abondante : principalement des campagnols et des mulots dont ils raffolent et qui constituent leur principale source de nourriture.
Cet oiseau aux yeux vifs, jaune clair cerclés de noir qui lui confèrent une expression farouche, notamment lorsqu’il scrute le sol depuis son perchoir en quête de proies, chasse de jour. Il évolue au-dessus du sol en guettant les petits rongeurs, utilisant sa vue et son ouïe performantes pour détecter ses proies.
Lorsqu'il ne chasse pas en vol, il se perche sur un poste de guet qui peut être une motte de terre, un piquet, plus rarement un arbre. Aussitôt la proie détectée, ce redoutable prédateur se laisse tomber et l’emprisonne dans ses serres acérées.
La proie est avalée entière, souvent tête la première, le rapace étant encore au sol. En vol, le hibou des marais rappelle un busard lorsqu'il patrouille à faible hauteur, faisant alterner de souples battements et des glissades planées sur ses ailes relevées en V.
Lorsqu’il se sent en danger il reste au sol et tente d'effrayer ses éventuels prédateurs en étendant les ailes, faisant se dresser ses aigrettes minuscules tout en gonflant son plumage afin de paraître plus gros. Cette attitude menaçante et spectaculaire est d’ailleurs propre à plusieurs oiseaux nichant à terre.
A la fin de l’hiver, ils regagneront les toundras sibériennes et les plaines boisées du nord de la Scandinavie pour nicher.
La Rémiz Penduline hiverne aussi chez nous !
De taille légèrement inférieure à celle des mésanges, elle mesure environ 10 cm de long et pèse environ 10 gr. Son nom de penduline lui vient de son nid qu’elle pend aux branches flexibles des arbres au-dessus de l’eau. C’est un oiseau acrobatique et terriblement véloce qui n’hésite pas à se suspendre la tête en bas pour atteindre une branche ou attraper un insecte.
La Rémiz a le bec noir en pointe conique acérée ; la tête des adultes est grise avec un bandeau noir, tel un masque sur les yeux. En raison de cette caractéristique, certains surnomment ce singulier passereau Zorro, ou encore le vengeur masqué.
Si la Rémiz ne niche pratiquement plus en France, il reste cependant quelques couples nicheurs dans l’est du pays. Néanmoins, il est fréquent d’observer de nombreux individus lors de la migration : ils utilisent essentiellement les saulaies et les roselières comme sites de nourrissage et de dortoir.
En effet, la mésange Rémiz – c’est son autre nom – apprécie particulièrement, pour se nourrir, les massettes (roseaux-massues) qui produisent de grandes quantités de graines très goûtées par l’espèce. Ainsi, une roselière d’une surface bienséante de massettes et située sur un couloir de migration a de grandes chances d’être visitée par les petites mésanges masquées chaque année car tout est bon à prendre dans la massette, dont elle utilise aussi le duvet pour tisser l'oeuvre d'architecture remarquable qu'est son nid, en forme d’un gros cocon ou d’une bourse fermée composée de fibres diverses entortillées autour d’une enfourchure située à l’extrémité d’une branche. Il est construit par le mâle ; la femelle, quant à elle, s'emploie essentiellement à garnir l'intérieur de duvets.
La construction dure entre douze et vingt-cinq jours.
La Rémiz penduline est essentiellement insectivore. L’été, la nourriture est composée d’araignées, d’insectes et de larves, capturées surtout aux extrémités des rameaux feuillus et dans la végétation touffue. En hiver, s’y ajoutent essentiellement de petites graines, souvent recueillies à faible hauteur sur les plantes et au pied des roseaux.