La ville de Tourcoing vient de fêter ce weekend, comme elle le fait avec le plus grand des bonheurs depuis treize ans déjà, les Géants du Nord.
Cette manifestation est devenue au fil des ans un événement festif majeur, s’imposant comme l’une des plus grandes fêtes populaires de la région au sein d’un club très fermé de villes du Nord qui voient les choses en grand, à l’instar de Douai, la cité de la famille Gayant, très justement réputée pour l’organisation de rassemblements de colosses, ainsi que Steenvoorde, dans les Flandres.
Augustin de Belempin, l’un des géants tourquennois, qui incarne la fierté des habitants des quartiers de Belencontre et des Phalempins est présenté au public dans son nouveau costume de Poilu. Le centre social du secteur, avec la participation des membres de l’atelier couture et de quelques habitants du quartier, ont travaillé plusieurs semaines à la confection d’un uniforme de Poilu dans le cadre des commémorations du centenaire de la Grande Guerre.
Cependant Tourcoing semble jouer de malchance.
Déjà l’année dernière c’était la pluie qui avait contraints les géants à rester dans le hall de l’hôtel de ville. Cette année, c’est à cause du froid et du vent qui soufflait fort qu’ils furent privés de sortie.
Heureusement pour cette édition 2018, Tourcoing accueillait le forum régional des Géants du Nord en partenariat avec la fédération des Géants du Nord de la France*.
Cette manifestation haute en couleurs se déroulait dans la salle du complexe sportif Léo-Lagrange, tout juste assez grande pour accueillir les 120 géants, fiers ambassadeurs des villes et villages des Hauts-de-France en grande majorité, mais également de Belgique (Ath et Tournai), d’Angleterre (Minster-in-Thanet, dans le Kent) et d’Espagne (Lloret de Mar).
* La fédération des géants du Nord de la France regroupe à ce jour 75 associations représentant 163 géants des départements du Nord, Pas-de-Calais, Seine-et-Marne, Somme, Ardennes...
Dans ses principes de base, la fédération ne fait aucune différence entre les géants portés, roulés ou sur char.
L'essentiel réside dans la passion et la motivation des membres des associations qui font vivre ces géants.
Ils donnent tous du temps bénévolement pour les sortir et les montrer au public.
Sans eux, ils finiraient au mieux en exposition dans le hall d'une mairie, au pire en train de pourrir dans le fond d'un hangar.
Cette manifestation a cependant connu un succès remarquable durant les deux jours, malgré la déception du public suite à l’annulation de la grande parade dominicale, où une cinquantaine de géants ainsi que plus de 400 participants - harmonies et fanfares - devaient déambuler dans les rues du centre ville jusqu’au parvis de l’hôtel de ville pour le rigodon final.
Augustin le Poilu
Les organisateurs avaient concocté un programme capable de ravir même les visiteurs les plus blasés en proposant des baptêmes de portage pour les adultes, mais également, pour les enfants, des démonstrations de danses de géants. Des formations de bandas et des fanfares rythmaient les rigodons endiablés.
Autre animation qui ne passa pas inaperçue : la présentation au public du nouveau costume de l’un des géants tourquennois, Augustin de Belempin, qui incarne la fierté des habitants des quartiers de Belencontre et des Phalempins.
Augustin a paradé pour la première fois en 2014. Quatre ans plus tard, ses quatre mètres d’osier viennent d’être rhabillés.
En effet, le centre social du secteur, avec la participation des membres de l’atelier couture et de quelques habitants du quartier, ont travaillé plusieurs semaines à la confection d’un nouveau
costume lié aux commémorations du centenaire de la Grande Guerre.
DES GÉANTS EN NORD
Bimberlot de Le Quesnoy La légende raconte qu'au début du XVème siècle, Marie de Bourgogne avait chargé un certain Pierre Host de la distribution de berlingots et de bonbons aux enfants du village. Mais le vin de la fête lui fit oublier sa mission...L'ivrogne fut puni et promené à travers la ville, vêtu de blanc comme un Gille. Chaque année, Pierrot Bimberlot, le géant d'osier habillé en pierrot revit son calvaire ... mais n'oublie plus de distribuer ses friandises.
Les géants sont incontestablement les figures emblématiques du folklore du Nord de la France et de la Belgique. Ils représentent des personnages historiques, légendaires ou fictifs, parfois également des animaux.
Portés à bras d’hommes ou exceptionnellement tractés, ils sortent en processions et dansent dans les rues les jours de fête ; ils représentent leur ville et symbolisent l’identité collective.
Lors des défilés, ils sont portés par une ou plusieurs personnes qui leur donnent vie : ils dansent,rencontrent, embrassent. Ils naissent, se marient, ont des enfants et leur baptême donne lieu à de véritables réjouissances populaires souvent hautes en couleurs. Certains meurent, d’autres ressuscitent.
D ’apparence et de taille variable, ils sont composés d’osier, de fil de fer, de tissu, de papier, de carton,de cuir ou de bois.
Traditionnellement réalisés en papier mâché, la tête et les bras peuvent l’être de nos jours en polyester : un matériau plus résistant, assez léger et insensible aux intempéries. La fabrication et l’entretien du géant est à chaque fois l’occasion pour les anciens d’impliquer les plus jeunes en leur transmettant leur savoir-faire.
Lors de cortèges, le port du géant est souvent réservé à une confrérie ou une association particulière.
C’est le porteur enfermé dans son panier d’osier,qui va tout au long de la déambulation animer le géant jusqu’au tableau final acharné et collectif appelé rigodon.
La charge par porteur peut aller jusqu’à 80/90 kilos, car pour les géants les plus grands et lesplus lourds, les hommes sont tenus de porter en équipe voire de se relayer.
Le géant traverse la ville selon un itinéraire déterminé, le long duquel la foule se masse.
Il est souvent accompagné d’une fanfare et avance au rythme d’un air qui lui est propre.
À travers ces géants s'affirment, plus que jamais, les identités locales.
Deux fêtes et leurs géants ont été proclamées chefs-d’oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2005 : les fêtes des Gayants à Douai et ses géants, Mme et M. Gayant et leurs enfants et , ainsi que le , le carnaval de Cassel et ses géants, Reuze Papa, Reuze Maman, le Coq et le Cheval-jupons, ainsi que le Char du Four merveilleux.
Alfred le rampailleux (Iwuy) La fabrication des chaises débute dans les années 1650/1680 à Iwuy le pays des Kaïres (chaises) reconnu aujourd’hui capitale de la Chaise. De nos jours des artisans font perdurer cette activité basée sur la passion, le savoir faire et une culture propre à la ville. Géant de 4 m 30 et de 85 Kg, il est posé sur une charrette tirée par des chevaux. Alfred rempaille une chaise réalisée à l'échelle par les artisans. Cette chaise est portée par un Bloc qui supporte donc la chaise et lui permet de tourner. Les sabots du géant sont en bois et réalisés à l'échelle
Bela Rada (Orchies) Son nom en Français signifie Blanche Marguerite. Il provient d'un chant et d'une danse de Serbie très populaire : "Soja tombe amoureux de Rada, jeune paysanne au teint pâle, contre laquelle il n'échangerait même pas Belgrade toute entière". BELA RADA représente une danseuse d'un ballet traditionnel de Serbie. Elle témoigne de l'amitié qui s'est nouée entre les gens du Nord et la communauté serbe. Elle possède quatre costumes (brodés à la main) représentant les costumes traditionnels de chaque province de Serbie, la région de MACVA à l'ouest du pays, La SUMADIJA(Choumadie en français) le costume de BUNJEVACKE, porté en VOJVODINE par la minorité croate de cette région du nord du pays, le costume de VLASKE, porté par la minorité valaque de l'est de la Serbie .
Déjà des géants au XVIe siècle !
Les théories sont nombreuses quant à l’origine de ces colosses mais il semblerait que les plus anciens apparurent au Portugal vers le XIIIe siècle.
De là, on peut supposer que la tradition ait pu s’étendre l’Espagne. Dès lors, il est facile de croire que, trois siècles plus tard, la domination espagnole ait pu imprégner sa marque dans les provinces du Nord et ainsi contribuer à l’apparition des premiers géants dans les Flandres.
C’est ainsi qu’à Cassel, à Steenvoorde ou encore à Douai, comme en attestent les archives, au coeur des processions festives que les premiers géants du Nord apparaissent au XVIe siècle.
En l’an 1530, la procession dédiée à Saint-Maurand, Duc et patron de la ville de Douai, revêt une dimension singulière pour fêter la signature du Traité de la Paix des Dames.
Les corporations artisanales locales se voient confier chacune la création d’une représentation biblique, mythologique ou allégorique, chargée de marquer l’événement.
C’est ainsi que les manneliers -vanniers- construisent le premier géant à panier d’osier.
La tradition était née !