Il faut être matinal pour vivre intensément le carnaval de Cassel, dernier carnaval de la saison en Flandres ! Les festivités commencent dès l’aube chaque lundi de Pâques, alors que le jour commence à peine à poindre. Cassel a deux carnavals, le grand, celui qui vient de se dérouler, et le petit le Mardi gras… jusqu’au début du siècle dernier où il fit tellement froid que le défilé fut reporté au lendemain de Pâques. Les Casselois conservèrent les deux cortèges… Le grand occupe une place à part au milieu de ses homologues voisins. Moins délirant que celui de Dunkerque, mais cependant moins statique et plus participatif que celui de Bailleul avec son cortège de chars. Cassel reste dans le traditionnel avec une ambiance réellement familiale, même si l’on y croise à la fois de joyeux drilles aussi acharnés que des masquelours dunkerquois durant les trois glorieuses et des groupes folkloriques.
Cerise sur le gâteau casselois, c’est l’unique sortie annuelle de la famille Reuze – géant en flamand – classés au patrimoine immatériel de l'UNESCO. Vêtu de rouge comme un légionnaire de la Rome antique Reuze Papa est l’oeuvre d’Ambroise Bafcop, artiste local, et Reuze Maman, d’Alexis, son frère. Le couple a aussi quatre fils. Ensemble, ils mènent la danse sur le mont. Ce sont des géants portés, donc très proches des gens avec qui ils exécutent des rigodons endiablés au son du Reuzelied que déversent sans aucune modération fifres et cornemuses.
Les géants casselois ont accueilli cette année deux invités d'honneur, venus d'Ath en Belgique : l'archer Tirant l'ancien et Baudouin IV. Le premier a disparu du cortège d'Ath en 1852. Son effigie a été recréée en 1991. Le second fêtera son premier anniversaire le 14 avril. Il est une effigie du comte de Hainaut qui fonda la cité d'Ath en 1166. Reuze Papa et Reuze Maman ont donc réservé à leurs invités d'honneur un accueil digne de leur stature.
C’est ainsi que, ce lundi, des milliers de spectateurs carnavaleux et de participants costumés, les Arlequins, les grosses têtes et les masques ont paradé, tambour-major en tête, dans le dédale des venelles de l’étroite cité où deux fanfares ne peuvent se croiser, sauf sur la place, point névralgique de cette joyeuse déambulation ininterrompue de 6 à 22 h. Cette année, ambiance banda – férias du sud-ouest – assurée ! Les meilleures bandas du sud-ouest, des Ardennes belges, des Pays Bas et de la région, ont apporté un peu de chaleur notamment lors du grand final banda Pakito , de quoi réchauffer quelque peu le fond de l’air très frais, malgré la présence d’un soleil généreux … et grand moment d’émotion, lors de la nuit venue, lorsque la famille Reuze regagne le musée de Flandre.
Le public s’aperçoit alors que la fête est bien finie et que les géants ne ressortiront … que l’année prochaine !