Mon spot préféré en baie de Somme pour observer et saisir de grands rassemblements d’oiseaux lors des grandes marées se situe au banc de l’Ilette, idéalement placé au coeur de la réserve naturelle de la baie.
En effet, lors de marées à forts coefficients – a fortiori les marées d’équinoxes – des milliers d’oiseaux chassés par les flots n’ont qu’un seul endroit en baie pour se réfugier en attendant le reflux de la mer : le banc de l’Ilette.
Il s’agit d’un ancien banc de sable, autrefois submergé par les marées hautes : en raison de la dynamique sédimentaire très active, il est aujourd'hui couvert d'une végétation herbacée (chiendent, oyats, chardon des sables) ou arbustive (argousiers, en particulier) et n’est jamais immergé.
Ce site offre une vue sur une grande partie de la baie : Le Crotoy, Saint-Valery, Le Hourdel et Cayeux au loin. Il présente, vers le nord, un paysage de marais arrière-littoraux et procure également une vue imprenable sur le massif dunaire du Marquenterre, pour partie couvert de pins, et qui s'étend sur plusieurs milliers d'hectares, proposant une des ambiances des plus naturelles et des plus sereines (quoi que la quiétude du lieu puisse être perturbée par le survol d’avions ou d’ULM !).
Malheureusement, durant la haute saison, nous croisons souvent de nombreux randonneurs, ainsi que des cavaliers chevauchant au galop de robustes Henson…
Ces manifestations provoquent un dérangement certain pour les milliers d’oiseaux arrivant sur le banc.
C’est ainsi qu’à plusieurs reprises, alors que j’étais particulièrement bien affûté et présent sur place deux heures avant la marée – après avoir effectué une marche assez éprouvante de près de deux heures via le chemin des bergers à Saint-Quentin-en-Tourmont – j’ai éprouvé la déception de voir s’envoler au dernier moment les oiseaux en direction du parc du Marquenterre pour s’y réfugier… alors qu’ils se dirigeaient vers moi !
Depuis, j’évite cet endroit lors des grandes marées en période estivale, étant pratiquement certain de rentrer bredouille.
Cette année, j’ai choisi une période plus calme au tout début du mois d’octobre ; la chance fut au rendez-vous.
CAP SUR LE PARC DU MARQUENTERRE
C’est surtout le dérangement provoqué par les humains qui incite les oiseaux à gagner le parc du Marquenterre, situé juste derrière la digue qui le sépare de la baie, plutôt que le manque de place.
C’est ainsi que des milliers d’oiseaux envahissent les îlots découverts et accessibles ou autres prairies du parc pouvant les accueillir pour un moment de répit, sans présence humaine.
Ils rejoindront ensuite par petits groupes le fabuleux et inépuisable garde-manger de la baie de Somme, lorsque la mer se sera retirée.
JUSQU’À 7 000 HUÎTRIERS PIE EN BAIE !
L'huîtrier pie est un oiseau de belle taille, il mesure entre 40 et 45 cm pour 80 cm d'envergure et pèse en moyenne 500 grammes.
La tête, le cou, le dos, la poitrine sont noirs, contrastant avec le dessous d'un blanc pur. Le dessus des ailes est noir avec une large bande blanche. Les pattes sont roses et le bec long et rectiligne est rouge orangé.
Ce limicole est rarement solitaire ; en hivernage, ou en migration, on peut l’observer le long de nos côtes, par centaines d'individus parfois.
Comme pourrait laisser croire son nom, l’huîtrier pie ne se nourrit pas d’huîtres, mais principalement de mollusques (moules, coques…). Il est très adroit pour ouvrir les coquillages en les martelant ou en écartant les valves pour ensuite sectionner, avec le bec, le muscle qui les relie.
Les jeunes oiseaux dont la pointe du bec est encore trop tendre pour ouvrir les coquilles capturent des vers marins.
Cela étant, il est vrai qu’auparavant, l’huîtrier pie était un consommateur d’huîtres lorsqu’elles existaient à l’état sauvage sur les côtes européennes.
Actuellement sa consommation n’est désormais que très rarement signalée sauf sur les secteurs ostréicoles français de la baie de Morlaix, dans l'Ile de Ré, et à Marennes Oléron.
Il se reproduit vers l'âge de trois ans ; le retour aux sites de reproduction s'effectue de mars à avril.
L'huîtrier pie est nicheur en Europe, de la Scandinavie à l'Espagne, en passant par les îles britanniques et l'Islande.
En France, il niche essentiellement en Bretagne, plus rarement dans notre région, hormis en baie de Somme.
Le nid est installé près de la côte: creux de rocher, sables, graviers ou galets, végétations rases.
La ponte a lieu fin mai-début juin et comporte trois oeufs.
L'incubation dure environ quatre semaines ; il en résulte de magnifiques petits poussins jaune-brun avec des raies noires sur le dos. Les poussins quittent le nid quelques heures après la naissance et volent à un mois.
En cette saison, la baie de Somme abrite une population de plus de 7 000 individus.
UN ÉTÉ AVEC LES PHOQUES GRIS DE LA BAIE
D’AUTHIE
Les phoques gris et veaux marins sont incontestablement devenus depuis quelques années les mascottes de Berck-sur-mer.
Alors qu’ils avaient quasiment disparu des côtes du nord de la France à la fin des années 70, victimes de la chasse, ils sont revenus maintenant sur le littoral pour la plus grande joie des touristes, et surtout pour celle des amoureux des animaux et de nature sauvages.
Les espèces observées en baie d’Authie sont surtout les phoques veaux marins – les plus nombreux – mais également les phoques gris qui peuvent atteindre 200 kilos.
Les premiers sont réapparus au début des années 80 suite à l'interdiction de la chasse en mer du Nord (l’espèce étant protégé depuis 1972).
Au départ, seuls quelques individus isolés sont arrivés, en provenance sans doute de la baie de Somme.
Au début des années 2000, à Berck, on pouvait apercevoir quelques individus ; actuellement, il est possible d’observer entre 80 et plus de 120 mammifères, dont maintenant de nombreux phoques gris, surtout en fin de saison estivale.
Les raisons de cette implantation sont multiples : présence de plages sableuses, de poisson en abondance et surtout, l'effet des marées dans les estuaires qui permet la formation de bancs de sable découverts à marée basse. Les phoques peuvent s’y reposer et prendre le soleil pour préparer leur mue d'hiver. Ils apprécient particulièrement ces bancs de sable longeant des chenaux profonds et offrant la tranquillité et surtout la possibilité pour ces sympathiques mammifères marins de se jeter à l’eau très rapidement en cas de danger, ou tout simplement pour fuir le dérangement causé par l’homme, là encore.
INSTANTANÉS
DANCING IN THE RAIN !
Chevêche des terriers (Athene cunicularia)
TROGLODYTE MIGNON
(Troglodytes troglodytes)
C’est l’un des plus petits oiseaux d’Europe : 9,5 cm pour un poids ne dépassant pas 13 grammes.
Petite boule de plumes agitée, à la queue curieusement redressée, le Troglodyte mignon est grincheux et querelleur. Il est très vif, remuant et vit près du sol.
Se déplaçant en sautillant entre les branchages et les pierres, il se faufile aussi furtivement qu'avec aisance dans les fourrés.
Son vol est rapide et s'effectue en rase-motte sur de courtes distances.
LES AFFAMÉS
Effraie des clochers
(Tyto alba - Western Barn Owl)
Ces jeunes effraies, nourris ici par leur mère, n’ont que six semaines, et ils sont déjà bien costauds. A leur naissance, ces petites boules de duvet ne pesaient pourtant qu’une dizaine de grammes !
Leur croissance est si rapide que leur poids augmente d'environ 10 g par jour au cours de la première décade et de 15 g au cours de la seconde !
Durant les 15 premiers jours, la mère continue de les couver afin de maintenir leur température. Lorsque les parents s'absentent, les poussins se regroupent en se serrant les uns contre les autres afin de conserver leur chaleur. Vers 20 jours, les plumes apparaissent et le poids de l’oisillon avoisine les 300 g.
Les premiers jours, le mâle assure seul le ravitaillement de la nichée. La femelle dépèce les proies et en alimente ses petits.
À 15 jours, ils sont capables d'avaler un campagnol entier !
La femelle aide alors le mâle en quête de nourriture pour ces juvéniles qui engloutissent chacun quatre à cinq proies par jour !
… A L’AFFÛT
Buse variable
(Buteo buteo - Common Buzzard)
PROTECTION RAPPROCHÉE
Sterne caugek
(Thalasseus sandvicensis - Sandwich Tern)
Jeune sterne caugek bien protégé au sein de la colonie
La sterne caugek est un oiseau grégaire et sociable qui nidifie en colonies parfois très denses.
Peu agressive, elle s'installe à proximité d'autres espèces plus combatives afin de se protéger des prédateurs. La sterne caugek est un excellent voilier qui peut pratiquer le vol battu stationnaire pour repérer ses proies et plonge sous la surface de l'eau pour les capturer.
Le nid est un simple trou gratté dans le sable où la femelle dépose généralement un oeuf, parfois deux.
L'incubation dure de trois à quatre semaines et est assurée par les deux parents.
Âgés d'à peine quinze jours, les jeunes sont regroupés en crèches surveillées par des adultes pendant que les parents partent se nourrir. Ils sont aptes à s'envoler au terme de cinq semaines.
TOILETTE MATINALE DE LA BELLE DES MARAIS
Bécassine des marais
(Gallinago gallinago - Common Snipe)
(en halte migratoire)
LE GEAI DES CHÊNES
(Garrulus glandarius - Eurasian Jay)
(Portrait)
Dès la fin de l'été et durant l'automne, le Geai des Chênes collecte puis cache de nombreux fruits, parfois dans un rayon de plusieurs kilomètres, puis il les consomme durant l’hiver.
Ici sur la photo, il a emmagasiné deux noisettes dans le bec et autant dans le jabot qu’il transportera dans une cachette.
Un seul individu peut enterrer plusieurs milliers de glands - entre 2 200 et 5 700 - chaque année.
L'espèce jouant ainsi un rôle crucial dans la propagation des chênes
ZEN
Rainette verte (ou arboricole )
(Hyla arborea)
La particularité de la rainette est d’être pourvue de pelotes adhésives au bout des doigts ce qui lui permet un mode de vie arboricole.
En Europe, c’est le seul amphibien que nous pouvons qualifier de grimpeur.
Ne dépassant pas cinq centimètres, elle a la peau lisse d'un vert très vif. Le ventre gris-blanc présente une bande brune de l'oeil aux flancs.
On la rencontre dans les milieux marécageux et boisés, à proximité de l'eau.
Elle a une activité nocturne intense ; cependant elle passe la journée au soleil, immobile durant plusieurs heures.
La rainette verte est l'une des espèces en forte régression dans les zones urbanisées et dans les régions d'agriculture intensive.
La pollution de l'eau, par les insecticides notamment, ainsi que l'introduction de poissons dans les petites mares sont des facteurs de disparition de l’espèce.
C’EST SUPER HORNET !
Le Gobemouche gris (en halte migratoire)
(Muscicapa striata - Spotted Flycatcher)
C’est un chasseur d'insectes infatigable qui reste souvent immobile sur une branche dégagée, puis s'élance subitement, d'un vol rapide, pour capturer un insecte, en vol, dans un arbre ou sur le sol.
Le vol du Gobemouche gris est direct et rapide du fait de ses longues ailes de migrateur.
Ce vol aisé lui permet d'atteindre rapidement les gros insectes volants, tels que les diptères syrphes, dont il se nourrit, puis de revenir rapidement à son perchoir initial ou un autre.
Il est capable aussi de petits vols stationnaires.
… EH HOP !
Écureuil roux
(Sciurus vulgaris)
En ce début d’automne, l'écureuil constitue des réserves de nourritures afin d’en profiter durant la mauvaise saison. Il enterre ainsi des fruits d’arbres (glands, faînes, noisettes, noix) au hasard de ses déplacements.
Il peut ainsi accumuler jusqu'à 3.000 noisettes en une saison, et il est capable de se rappeler non seulement de l'emplacement de chaque cachette, mais aussi de la date à laquelle il a enterré ses noisettes et du type de nourriture qu'elle contient !
Il redécouvre ses réserves au cours de l’hiver, lors de sa recherche d’aliments. Certaines d'entre elles ne sont pas utilisées ou non retrouvées.
Ainsi, comme le Geai des chênes et le Mulot sylvestre, il participe à la régénération naturelle des peuplements forestiers.
Diurne et arboricole, il est en activité dès l'aube et se promène au début de la matinée pour réapparaître en fin d'après-midi.
Ses larges et robustes pattes postérieures, pourvues de cinq doigts - les pattes antérieures, plus courtes, en ont quatre- lui permettent de sauter très rapidement de branche en branche.
Ses longues griffes acérées se plantent dans l'écorce des arbres.
Il grimpe en spirale (efficace pour échapper aux oiseaux de proie) le long d'un tronc par petits bonds successifs, et en redescend la tête la première.
CASSE-NOISETTES OU CASSE-NOIX ?
Quand l’écureuil mange une noix, il procède de la même manière que lorsqu'il mange une noisette.
Il la prend de manière à présenter la pointe vers le haut, ensuite il trace un sillon des deux côtés à la perpendiculaire de l'arête, et une fois le sillon suffisamment grand, il y place ses incisives...
Le Pouillot véloce joue les prolongations !
(Phylloscopus collybita - Common Chiffchaff)
Pas très impatient de rejoindre son site d’hivernage autour de la Méditerranée, le Pouillot véloce est l’un des derniers passereaux à égayer de son chant nos journées automnales souvent jusqu’à fin octobre !
Les anglais l’appellent «Chiffchaff», les néerlandais «Tjiftjaf» par allusion à son chant composé de deux syllabes qui annonce dès les premiers beaux jours de fin d’hiver, le retour du printemps.
Son qualificatif français de «véloce» lui vient du fait qu’il est toujours en mouvement et se déplace rapidement dans le feuillage des arbres. Il est donc plus facile à entendre qu’à observer.