J’avoue que le spectacle qu’offre la héronnière du Marquenterre vu du sommet de la tour d’observation située sur les terres du domaine éponyme a de quoi surprendre !
À vingt-cinq mètres du sol, vous toisez les sommets des pins laricio ou bon nombre d’échassiers ont installé leur nid depuis le début du printemps.
Vous êtes au coeur de la héronnière, spectateur privilégié de la vie intime des oiseaux, en ayant parfois le sentiment de jouer les voyeurs… car eux ne vous voient pas !
Vous surplombez même un nid de cigognes situé à quelques mètres !
Cet ouvrage, à l’origine conçu pour l’observation, dispose de petites ouvertures protégées par un filet de camouflage où il est possible de faire passer un téléobjectif, ou plutôt un zoom – plus pratique ici – sans trop le faire dépasser des orifices, bien entendu.
Cependant il vous faudra faire l’impasse sur l’utilisation de grosses focales fixes.
C’est la nouvelle direction du Domaine du Marquenterre qui a eu la bonne idée de permettre son ouverture à un public de connaisseurs, sous de strictes conditions, et c’est tant mieux.
Cette héronnière est bien entendu visible d’un poste d’observation de la réserve ornithologique du Marquenterre, toujours bondée durant la pleine période de nidification, d’avril à mi-juillet, où près de deux cents couples d’échassiers nichent bon an mal an. Mais du mois d’août au mois de janvier, la héronnière est totalement déserte.
À cet endroit, qui ressemble au printemps à une immense nurserie à ciel ouvert, cohabitent hérons cendrés (une des principales colonies du département de la Somme), mais aussi des hérons garde-boeuf (seul site de reproduction pour tout le nord de la France), des aigrettes garzette, et des cigognes blanches.
Mais la star du coin, c’est la spatule blanche !
Une petite centaine de couples nichent sur place chaque année, faisant du Marquenterre la plus importante colonie de spatules du pays, et surtout la plus visible pour le public.
Un atout de taille pour le site, car la plupart des autres colonies françaises nichent en Loire-Atlantique dans des parcs privés fermés au public.
Les spatules ont confirmé au Marquenterre leur originalité, car elles nichent au milieu des cigognes et autres échassiers dans les pins.
C’est rare : habituellement, elles préfèrent les roselières et les petits arbres, les pieds dans l’eau !
N.B. : ces photographies ont donc été prises de la tour d’observation du domaine du Marquenterre, malheureusement un peu tard en saison, la structure n’étant pas encore ouverte au public durant la période de nidification.
Au moment où j'ai capturé ces images, de nombreux échassiers juvéniles avaient déjà quitté les nids.
C’est promis, j’y reviendrai en mai prochain !
N’est-ce pas Mélanie ?
DES AMOURS DE RENARDEAUX
La journée avait commencé très tôt.
J’étais en compagnie de Walter Barthélemi, photographe naturaliste, spécialiste notamment de la photographie de renards. Le bougre est très connu en Belgique, particulièrement dans la province du Luxembourg, mais sa notoriété à largement dépassée les frontières du royaume !
Cependant, j’ignorais, à l’heure de poser notre premier affût vers six heures, que l’attente serait si longue avant d’apercevoir le bout d’un museau de renardeau !
Walter avait pourtant, depuis quelques semaines, repéré la position des terriers, grâce notamment à la pose de pièges photos nocturnes qu’il relevait chaque matin afin de s’assurer que ces derniers soient bien occupés.
Néanmoins, au cours de la journée, nous avions fait des observations intéressantes : une renarde allaitant ses petits, et une autre de retour de chasse, la gueule pleine de campagnols destinés au nourrissage des jeunes. Malheureusement, pour ces deux observations, il ne fut pas possible de photographier, l’approche étant trop hasardeuse.
Sur le cinquième spot de la journée, la chance nous sourit enfin.
Nous étions en sous-bois, il était déjà tard et la lumière commençait à baisser.
Nous étions à bon vent, Walter avait utilisé sa poire magique remplie de talc servant précisément à connaître la direction du vent, Goupil ayant l’odorat très développé. Nous étions parfaitement affutés, le filet de camouflage tendu entre deux troncs d’arbres, quand soudain, venus de nulle part et voulant sans doute regagner le terrier dans l’attente du retour leur mère pourvoyeuse de chair fraîche, quatre magnifiques renardeaux apparurent dans le viseur de mon reflex.
L’instant fut émouvant pour moi qui n’avais jamais eu la chance de saisir ces fabuleuses boules de poil à une distance si proche – ils étaient à moins de dix mètres. Tout juste pour les cadrer avec le 500 mm !
J’ai alors déclenché quelques rafales, le déclencheur en position silencieuse. Afin d’être sûr de mon coup, j’étais à pleine ouverture, avec une vitesse d’obturation de 1/125 sec à 6400 ISO !
Content, mais évidemment déçu de n’avoir pas pu concrétiser sur le premier affût et de profiter en même temps de ces belles lumières matinales.
J’ai surtout appris une chose importante en cette mémorable journée où nous n’avons pas économisé nos pas : patience et persévérance sont indispensables pour espérer photographier de manière optimale ce fascinant animal !
Une vie de renardeau
Les renards s’accouplent de décembre à février ; la maturité sexuelle est effective à dix mois. La durée de la gestation est de 52 à 53 jours, les naissances ont lieu de mars à mai, et chaque portée – une seule par an – peut compter près de dix petits, dont la moitié seulement survit, en règle générale. L’abondance de la nourriture influe sur l’importance de la portée et l’absence (ou non) de reproduction. La femelle possède huit tétines (parfois sept, neuf ou dix).
Les jeunes pèsent 100 g à la naissance. Ils possèdent une fourrure brun foncé velouté, et la face devient rousse à quatre semaines, lorsque le museau s’allonge. Les oreilles grandissent vite et apparaissent en premier à la sortie du terrier. La denture de lait est complète entre sept et huit semaines.
Après six mois, le renardeau ne peut plus guère être distingué de l’adulte.
Aveugles et sourds à la naissance, les petits ont besoin de la chaleur maternelle durant les deux ou trois premières semaines. Les yeux s’ouvrent entre onze et quatorze jours et sont bleus jusqu’à un mois, puis deviennent bruns à couleur ambre et à pupille verticale. Le sevrage a lieu entre six et douze semaines maximum.
Les petits mangent de la viande dès l’âge de quatre semaines environ, et prennent 50 g par jour entre quatre et dix semaines. Les deux parents s’en occupent, le mâle apportant les aliments à l’entrée du terrier où la femelle reste deux à cinq jours après la mise-bas. Après le sevrage, les adultes apportent de la nourriture aux jeunes, y compris celle qu’ils ont stockée au préalable près du terrier.
Peu à peu, la femelle reste davantage au dehors pour échapper aux sollicitations des jeunes au terrier, lesquels restent avec leur mère jusqu’à l’automne.
Goupil, ce mal-aimé !
Soumis à de multiples dangers, victimes d’une mauvaise réputation, souffre-douleurs préférés des chasseurs, les renards survivent rarement au-delà de leur premier anniversaire dans la nature. Si un individu peut vivre jusqu’à vingt ans en captivité, on estime que seuls 2 à 10 % des spécimens sauvages passent le cap des cinq ans !
C’est au Moyen-Âge, entre le XIIe et le XIIIe siècle, que sa mauvaise réputation atteint son paroxysme lorsque le Roman de Renart est écrit. À travers cet ensemble de textes, il passe clairement du côté des méchants. Sa réputation de nuisible date au moins de cette époque ; le renard est considéré alors comme un malin, un profiteur, un faussaire. Une image qui, depuis, lui colle à la peau !
Selon son habitat et la saison, les proies les plus diverses peuvent figurer à son menu : invertébrés, insectes, amphibiens, poissons, petits mammifères…
Il lui arrive même de grappiller quelques fruits ou de faire les fonds de poubelle aux abords des villes. En revanche, il ne s’attaque jamais à plus gros que lui, à moins que l’animal soit fragile, blessé, malade ou mort ; il se transforme alors en charognard, prélevant sur le cadavre de quoi se rassasier et enterrant le reste pour les jours de disette. Un agent sanitaire parfait !
Ajoutons que sa réputation de mangeur de poules est complètement injustifiée car il ne s’attaque pas aux élevages de volailles. Certes, il lui arrive de croquer quelque volatile ici où là, mais dans des élevages dits familiaux dont les clôtures sont le plus souvent mal entretenues.
L’allié des agriculteurs !
En campagne, il jette surtout son dévolu sur les petits rongeurs. C’est un grand consommateur de campagnols, limitant ainsi les ravages causés par ce rongeur aux céréales et aux prairies. Capable d’en capturer des milliers chaque année, il limite leur présence dans les champs et endigue même la propagation de la maladie de Lyme véhiculée par les porteurs de tiques !
De plus en plus d’agriculteurs reconnaissent ainsi en Goupil un véritable allié pour protéger leurs récoltes. La prédation naturelle qu’il assure vaut bien mieux que la lutte chimique !
En outre, contrairement à ce que croient certains éleveurs, le renard ne s’attaque pas aux agneaux, chevreaux et autres veaux nés dans les prairies. En revanche, il joue un rôle d’épuration en dévorant les placentas. Il est donc indiscutablement utile à notre écosystème.
Cela étant, en dehors de son rôle écologique, c’est aussi un animal très attachant !
INSTANTANÉS
Chevêche d'Athéna
(Athene noctua - Little Owl)
Avocette élégante et ses petits
(Recurvirostra avosetta - Pied Avocet)
… EN ATTENDANT MONSIEUR !
Tarier pâtre (femelle)
(Saxicola rubicola - European Stonechat)
Elle est plus terne que le mâle qui se distingue par sa tête noire, son collier blanc et sa poitrine orangée.
Chez Madame, le dos ainsi que la tête sont de couleur beige ; elle ne possède pas les tâches blanches qui ornent le cou et les épaules du mâle.
Ce magnifique passereau est présent sur notre continent, mais ne se sédentarise que lors de la période de reproduction. Le reste de l'année, il nomadise au gré des disponibilités de nourriture.
Il fréquente les prairies, les landes et les campagnes cultivées plantées de végétation basse indispensable à la nidification, et de perchoirs, naturels ou non, pour surveiller son territoire et chasser.
On le voit fréquemment posté au sommet d'un poteau ou sur la plus haute branche d'un arbuste, agitant des ailes et remuant de la queue. Les couples formés ne se séparent pas et les oiseaux ne s'éloignent jamais trop loin l'un de l'autre.
TRAQUET MOTTEUX
(Oenanthe oenanthe - Northern Wheatear)
(Femelle)