La belle saison offre des moments privilégiés pour l’observation de nos amis les oiseaux et de la faune en général.
Dès la fin de l’hiver, on assiste chez nos hôtes à plumes à des parades nuptiales au cours desquelles chaque espèce montre son beau plumage grâce à de harmonieux mouvements s’apparentant parfois à des ballets, comme s’ils avaient été savamment mis en scène par un chorégraphe de génie, à l’image de ceux des Grèbes, parmi les plus spectaculaires !
Les migrateurs sont de retour de leurs zones d’hivernage – principalement d’Afrique sub-saharienne ou du sud de l’Europe – se mêlant alors aux espèces hivernantes restées dans la région.
Les chants mélodieux des mâles se font entendre dans les buissons, haies et roselières : en poussant ainsi la romance, ils espèrent bien qu'une belle sera attirée jusqu’à eux, car tel est le but du chant printanier des oiseaux, élément primordial de la reproduction.
Les vols nuptiaux animent le ciel, la nourriture passe d’un bec à l’autre ; bien souvent, le mâle offre des proies à la femelle en guise d’offrande.
Les accouplements s’ensuivent, naturellement. Cette période de la reproduction est essentielle car il s’agit tout simplement de défendre l’espèce, de la maintenir en vie.
Une fois les accouplements consommés, la femelle, aidée par le mâle entreprend la construction du nid. Que ce soit dans les haies, les buissons, les arbres, les touffes d’herbes sur le sol, voire à même le sable, comme pour le Gravelot, tous les endroits et tous les matériaux (végétaux, boue, crins et laine) sont bons pour la construction du nid afin de l’abriter suffisamment, qu’il soit efficacement protégé des intempéries et des prédateurs.
Malheureusement, cette année encore, il ne m’a pas été possible d’assister en spectateur privilégié à cet extraordinaire spectacle qu’offre la nature : à la sortie du confinement auquel nous avons été soumis, la saison était déjà bien entamée...
Je vous propose néanmoins quelques images prises durant ce printemps et au début de l’été.
TRANSPORT EN COMMUN
Grèbe huppé
(Podiceps cristatus - Great Crested Grebe)
Même s’ils sont nidifuges et qu’ils quittent très rapidement le nid dès l’éclosion, les poussins de Grèbes – trois ou quatre individus par couvée – restent au contact des parents.
En cas de danger, ou tout simplement pour se réchauffer, ils aiment se réfugier sous les plumes du dos de leur mère ou de leur père.
Ils sont nourris alternativement par les parents qui, après une semaine, se partagent chacun la moitié de la nichée sur le dos. Progressivement, les oisillons se mettent à nager en suivant leurs géniteurs.
Ce n'est qu'à six semaines qu'ils commencent à plonger et à neuf semaines qu'ils se nourrissent eux-mêmes, se libérant ainsi de la tutelle parentale.
Une héronnière qui ressemble à une nurserie
À vingt-cinq mètres du sol, le spectacle qu’offre la héronnière du Marquenterre a de quoi surprendre !
En effet, on toise les sommets des pins laricio ou bon nombre d’échassiers ont installé leur nid depuis le début du printemps. Nous sommes au coeur de la héronnière, spectateurs privilégiés de la vie intime des oiseaux, en ayant parfois le sentiment de jouer les voyeurs car eux ne vous voient pas !
Cet ouvrage, à l’origine conçu pour l’observation, dispose de petites ouvertures protégées par un filet de camouflage où il est possible de faire passer un téléobjectif, ou plutôt un zoom – plus pratique ici –sans trop le faire dépasser des orifices bien entendu .
Cette héronnière est bien entendu visible d’un poste d’observation de la réserve or-nithologique du Marquenterre, toujours bondée durant la pleine période de nidification, d’avril à mi-juillet, où près dedeux cents couples d’échassiers nichent bon an mal an.
Héron garde-boeufs
(Bubulcus ibis - Western Cattle Egret)
Nourrissage au nid d’un tout jeune héron garde-boeufs par ses parents, né au sommet de la pinède abritant la héronnière, avec entre autres quatorze couples de ce petit héron méditerranéen arrivé dans notre région comme nicheur en 1992.
Héron cendré
(Ardea cinerea - Grey Heron)
Héron cendré et son jeune né il y a quelques semaines dans un nid installé dans un pin laricio de la héronnière. Les juvéniles séjournent au nid environ deux mois, ne volant pas très bien avant l'âge de cinquante-cinq jours.
... Cependant, du mois d’août au mois de janvier, la héronnière est totalement déserte.
À cet endroit, qui ressemble au printemps à une immense nurserie à ciel ouvert, cohabitent des hérons cendrés (une des principales colonies du département de la Somme), mais aussi des hérons gardeboeufs,ces petits hérons méditerranéens arrivés dans notre région comme nicheurs en 1992 (seul site de reproduction pour tout le nord de la France), des aigrettes garzette et des cigognes blanches.
Vol au dessus d’un nid de cigognes (et cigogneaux)
Ce nid de cigognes construit à vingt-cinq mètres du sol au sommet d’un pin domine la héronnière. À l’arrière-plan, on découvre la réserve naturelle nationale de la baie de Somme.
ÉMANCIPATION
Pic épeiche et son jeune
(Dendrocopos major - Great Spotted Woodpecker)
Pic épeiche juvénile
(Dendrocopos major - Great Spotted Woodpecker)
Le jeune de l'année a la calotte rouge, bordée de noir sur les côtés -le rouge est plus étendu et plus vif chez le jeune mâle- Ces caractéristiques peuvent par ailleurs prêter à confusion avec le Pic mar qui a la calotte toute rouge. Ce juvénile portera la calotte écarlate jusqu’à l’automne.
LA PETITE CHOUETTE AUX YEUX D’OR
Messagère mythologique de la déesse grecque Athéna dont elle tire son nom, symbole de sagesse, la Chevêche d'Athéna est une petite chouette d'un peu plus de vingt centimètres de long pour une envergure de quarante-cinq à cinquante centimètres et un poids d'environ deux cents grammes.
Elle se nourrit d’insectes et d’araignées, plus rarement de petits mammifères, rongeurs ou passereaux, qu’elle empoigne avec ses serres puissantes.
Elle apprécie les espaces ouverts pour chasser ses proies, mais elle a également besoin de perchoirs pour les observer, et plus généralement pour la ponte – elle ne construit pas de nid mais dépose ses oeufs dans une cavité. Les cavités naturelles dans les arbres lui sont très utiles, tout comme les arbres taillés en têtard, mais également toutes sortes de construction comme les cheminées, pylônes ou simplement les toitures des maisons.
La Chevêche d'Athéna est monogame et, du fait de sa sédentarité, les couples sont stables, peut-être même jusqu'à la mort d'un des partenaires. Les manifestations sexuelles commencent tôt, dès le milieu de l'hiver, mais la saison de reproduction elle-même s'étend de mars à août. Il n'y a qu'une nichée par an.
La femelle y dépose trois à six oeufs, pondus à deux jours d'intervalle. L'incubation commence habituellement avec le premier oeuf pondu, assurée par la femelle et nourrie par le mâle ;elle dure une trentaine de jours.
Après l'éclosion, elle reste encore sur ses jeunes une quinzaine de jours pendant lesquels le mâle ravitaille la famille. Les jeunes quittent le nid à une trentaine de jours mais ils resteront sous la dépendance des adultes pendant un mois.
QUEL BONHEUR DE L’AVOIR AU BOUT DE L’OBJECTIF !
Écureuil roux
(Sciurus vulgaris)
Pendant la période d'abondance, il prend soin de constituer des réserves de nourriture qu'il dissimule ici ou là, sous des tas de feuilles, dans des vieilles souches ou des cavités. L'hiver venu, il ne se souvient plus de ses caches ! C'est le hasard qui lui fait retrouver ses trésors. Son odorat et la fouille systématique des lieux qu'il fréquente, lui permettent de récupérer ce qu'il avait dissimulé. Dans la nature et pour la biodiversité, l'écureuil est un petit auxiliaire intéressant car il va contribuer à la dissémination des graines de conifères, de noisetiers et autres, ainsi que des pores des champignons puisqu'il les enterre un peu partout... en les oubliant !
Souvent debout sur ses pattes postérieures qui comptent cinq doigts, l'écureuil se sert de ses pattes antérieures un peu comme des bras au bout desquels quatre doigts et un micro-pouce lui permettent de prendre toutes les graines avec adresse. Il est toujours sur le qui-vive grâce à ses sens développés. Il a en effet une vue puissante et un large champ de vision. Il distingue sans doute les couleurs, tout du moins certaines d'entre elles. Il discerne particulièrement les formes verticales, aptitude essentielle pour ces animaux arboricoles qui doivent estimer avec précision les distances entre les arbres.
Pour manger une noisette ou une noix, l'écureuil la saisit avec ses deux mains et ses incisives supérieures, puis il mord dans la coque et la perce avec ses incisives inférieures, qui servent alors de levier pour fendre la coque en deux. On remarque seulement quelques traces de dents en un point précis.
Son corps puissamment musclé, ses griffes acérées, sa souplesse le transforment en acrobate des cimes qui n'hésite pas à s'élancer d'arbre en arbre. Sa queue lui sert de balancier ou de parachute, perfectionnant son adaptation à la vie arboricole.
INSTANTANÉS
HORDE SAUVAGE
… Sangliers, laie et marcassins