Tout commence le dimanche matin, lorsque les cinq géants douaisiens, le Sot des canonniers et la Roue de la fortune sont accueillis dans la cour de l'Hôtel de ville où la corporation des porteurs est reçue par la municipalité qui honore ainsi les différents quêteurs et porteurs au cours d'une réception. Auparavant, après une courte promenade dans la ville, les géants d'osier attendus par les Douaisiens et les nombreux visiteurs exécutent le rigodon au son de la musique municipale, accompagné du lancer de bonbons par les élus, avant de prendre part au cortège de l'après-midi qui représente le point fort des fêtes de Gayant, lesquelles représentent assurément la plus grande parade organisée au nord de Paris.
Elle attire chaque année près de 100 000 visiteurs.
Plus de 800 participants ; des compagnies souvent de renommée internationale spécialisées dans les arts de la rue mais également des bénévoles venus des quartiers de la ville, des structures gigantesques, des musiques dont cette année, après huit ans d’absence, les fameux percussionnistes de Dédougou, ville du Burkina Faso jumelée depuis dix ans avec Douai, et avec eux un scorpion géant et aérien. Spécialement applaudie, la grande dame de la Belle Zanka qui s’avance dans un mouvement de manège soyeux entourée de ses zébulons à rebonds, également le Dragonaute de la compagnie Planète Vapeur, et particulièrement remarquée la caravane boréale de la Cie Collectif Korbo avec son ourse géante Nanucq et ses gitanes acrobates perchées sur des échasses.
Pour cette édition la déambulation artistique fut animalière ; un paon, un singe, un serpent, un éléphant, un tigre et une vache, sortis de l'imaginaire battaient le pavé douaisien. La sarabande des animaux magnifiques, spectacle- parade conçu par l’Atelier de l’événement et animé grâce aux bénévoles de Gayant qui manipulaient avec bonheur cette faune mythique a séduit les spectateurs.
Gayant, le plus ancien géant du Nord
En 1480, les échevins de la ville de Douai, alors bourguignonne, décidèrent de célébrer le succès des Douaisiens sur les soldats du roi de France Louis XI l'année précédente.
Cette procession en l'honneur de Saint-Maurand, patron de Douai, avait lieu le 16 juin. La manifestation prit de plus en plus d'ampleur et, en 1530, Gayant - géant en patois picard - y fit sa première apparition ; son corps avait été fabriqué en osier par la corporation des manneliers (fabricants de paniers d'osier). L'année suivante, la corporation des fruitiers fit construire une géante, Madame Gayant.
En 1720 naquirent leurs enfants, Jacquot, Fillon et Binbin (une fille et deux garçons).
En 1770, l'évêque d'Arras interdit cette procession quand il s'aperçut que la ville célébrait toujours la défaite des Français, le 16 juin 1479, alors qu'elle était française depuis plus d'un siècle ! Il en institua une nouvelle qui se tiendrait désormais le 6 juillet, ou le dimanche qui suit cette date, jour anniversaire de l'entrée des Français à Douai en 1667. Cependant, la famille Gayant, considérée comme profane, ne devait plus y paraître. Gayant et sa famille ne reparurent qu'en 1801.
En 1821, ils reçurent les costumes que nous connaissons aujourd'hui. Ils souffrirent pendant les deux guerres mondiales mais ressuscitèrent.
Depuis, chaque année en juillet, à l'occasion des festivités qui font désormais partie du patrimoine mondial de l'UNESCO, Monsieur Gayant (qui mesure 8,50 m et pèse 370 kg : il faut six hommes pour le porter) et sa femme Marie Cagenon (6,25 m, 250 kg), ainsi que leurs enfants Binbin, Jacquot et Fillon, accompagnés du char de la Roue de la Fortune (qui a fait son apparition dans la fête en 1678) et du Sot des canonniers (cheval-jupon faisant la quête pour les porteurs de géants) parcourent pendant trois jours les rues de la ville.