Le Hourdel (aujourd’hui)
Sur les quatre-vingts naissances constatées en baie de Somme au cours de cet été, seize jeunes phoques veaux-marins se sont échoués sur le littoral avant qu’ils ne soient naturellement sevrés.
Parmi ces seize phoques échoués* non émancipés, douze étaient vivants. Il s'agissait d'animaux âgés de quelques heures à cinq jours qui ont dérivés en baie (Le Crotoy, Le Hourdel...).
Un n'a pas été revu.
Les autres ont été amenés au centre de sauvegarde de la faune sauvage géré par l’association Picardie-Nature.
Un jeune Phoque veau-marin pèse à la naissance environ 12 kg et reste trois semaines avec sa mère ; durant cette période l’animal triple son poids : un phoque sevré pèse en moyenne 35 kg. Lorsqu’une séparation prématurée a lieu au cours de cette période de lactation, le jeune maigrit durant sa dérive – ce qui explique des poids inférieurs à 12 kg à l’échouage. Une fois accueilli au centre, il lui faudra environ trois mois pour atteindre les objectifs de relâcher : savoir se nourrir seul et peser plus de 30 kg.
* Un échouage est souvent la conséquence d'une séparation prématurée mère-jeune, parfois suite à de mauvaises conditions météorologiques ou surtout, comme c’est souvent le cas, par des dérangements provoqués par des activités humaines pratiquées à moins de trois cents mètres des reposoirs qui conduisent à des mises à l’eau intempestives de la colonie durant son temps de repos à marée basse. Les jeunes phoques non émancipés se retrouvent alors séparés de leur mère et n’étant pas autonomes, ils se laissent dériver jusqu’à s’échouer sur une plage.
Cela peut se produire également à la suite d'une blessure ou d'une maladie.
Dans tous les cas, ils ne sont pas nourris depuis un certain temps et sont surtout déshydratés.
Dernier bain ensemble pour Léna et Mississippi dans la piscine du centre de sauvegarde.
Léna coiffée d'une plaque bleue collée sur les poils de la tête afin de faciliter son identification à distance. Elle permet d’apprécier son intégration à la population des autres phoques. Elle tombera lors de la prochaine mue en juin.
Trois mois sous haute surveillance …
A son arrivée au centre de sauvegarde, il y est enregistré immédiatement et reçoit les premiers soins. Durant son séjour, il est suivi par une équipe de soigneurs et par un vétérinaire. Il est alors placé en quarantaine, réhydraté, puis le vétérinaire dresse un bilan de santé de l’animal. Lorsqu’il présente des signes d’une bonne hydratation, il est nourri tout d'abord de bouillies de poissons reçues à l'aide d'une sonde oesogastrique.
Au bout de quelque temps, il est possible de le rassasier de poissons entiers.
Devenant plus autonome, le phoque est alors capable de s'alimenter seul dans son bassin , et lorsque son poids le permet, il est transféré dans une grande piscine extérieure pour lui permettre de constituer sa couche protectrice de gras, de se muscler en nageant, et également de profiter de la lumière naturelle.
Une fois prêt à regagner son biotope d'origine, il est équipé d'une plaque collée sur la tête, de couleur vive, afin de faciliter son identification à distance. Celle-ci permet d’apprécier son intégration à la population des autres phoques. Cette plaque collée sur les poils, tombera lors de la prochaine mue en juin.
Il est également équipé d’une bague blanche numérotée et répertoriée qui permet de l’identifier en cas de nouvel échouage sur les côtes européennes.
En moyenne, il aura passé trois mois au centre de sauvegarde.
Chaque année, une thématique est donnée pour nommer les phoques qui intègrent le centre.
En 2014, il s'agit de noms de fleuves : Danube, Oural, Mississippi, Garonne, Tamise, Nil, Maroni, Volga, Minho, Léna, Tana, Authie et Limpopo.
Six phoques relâchés ce dimanche au Hourdel
Six mammifères - Mississippi, Nil, Léna, Garonne, Authie et Tana - présentant les conditions de retour dans leur milieu naturel ont donc ce matin, sur le cordon de galets de la pointe du Hourdel et devant une foule compacte, pu rejoindre la colonie qui est la plus importante de France*, tout au moins en ce qui concerne le phoque veau-marin.
Auparavant, le 2 octobre, Danube et Maroni ont regagné la mer. Pour Oural et Volga, ce fut le 9 ; quant à Tamise et Minho, ils ont dû attendre le 17 octobre pour être libérés de leur caisse. Ayant repris des forces et étant devenus autonomes pour s’alimenter, ces six phoques étaient maintenus dans un bassin extérieur depuis plusieurs semaines. Prêts et musclés, ils ont pu ainsi retrouver la baie.
*Les effectifs maximums annuels de phoques en baie de Somme sont observés en été, période de reproduction et de mue de cette espèce. Au cours de l'été 2014, au maximum 394 phoques veauxmarins ont été recensés. On estime que la baie de Somme accueille 60 % de la population française, les autres sites les plus fréquentés étant la baie du Mont Saint-Michel et la baie des Veys (Cotentin).
ZOOM
L'été indien
Coucher de soleil sur la baie
Murmures d’étourneaux : une incroyable chorégraphie au crépuscule
Au début de l’automne, à la tombée du jour, il est possible d’assister à l’un des spectacles naturels les plus étonnants que nous offre la nature.
Les étourneaux sansonnets qui, durant la journée et par petits groupes, se nourrissent dans les champs, quittent au crépuscule leurs zones de nourrissage.
Ils se rassemblent alors en groupes importants qui grossissent progressivement jusqu’à l’approche de l’endroit – appelé dortoir – où ils passeront la nuit. Ce phénomène s’appelle le murmure ou murmuration (terme anglais).
Ils forment alors des nuages composés de milliers d’individus réunis en essaims en produisant une chorégraphie éblouissante, se déplaçant en un seul corps pour soudain disparaître brusquement dans les buissons ou les roselières. Ce spectacle hypnotisant peut durer une quinzaine de minutes.
Une question de survie pour ces oiseaux
La murmuration sert à déterminer qui sont les plus faibles ; ils serviront alors de nourriture aux prédateurs.
Chaque oiseau doit donc copier son voisin. Il vole le plus près possible de lui en s’efforçant d’avoir la même vitesse, de prendre la même direction. Quand des milliers d’étourneaux sont ainsi synchronisés, le moindre changement de cap est magnifié et décuplé par le reste de la troupe. C’est ce qui donne ces brusques formations et déformations de l’essaim qui virevolte et tourbillonne toujours plus rapidement. Cette activité a également l’avantage de réchauffer leur corps afin de supporter les basses températures nocturnes. Ceux qui ne parviennent pas à suivre le mouvement sont abandonnés sur place. Ils serviront d’appât aux éventuels prédateurs pendant que le reste de la bande dormira bien en sécurité dans la communauté. Il s’agit également d’un comportement social : les meilleures places au dortoir sont occupées par les mâles dominants.
La raison du plus fort…
Le Phalarope à bec large
Les phalaropes sont de petits limicoles aux moeurs originales, parfaitement adaptés au milieu aquatique, les deux espèces européennes, le Phalarope à bec large - photographié ici en plumage hivernal, à Ostende sur la côte belge- et le Phalarope à bec étroit, sont marines et ne reviennent à terre que pour nicher. Ils sont de petite taille, presque comme un merle. Les phalaropes nagent fort bien.
Pour se nourrir d’invertébrés picorés à la surface de l’eau ils évoluent souvent en petits cercles rapides, formant un léger tourbillon. On pense que ce comportement facilite la remontée de la nourriture du fond de l'eau dans les zones peu profondes. Il vole parfois pour attraper des insectes.
Le Phalarope à bec large niche dans le Grand Nord, en Islande et en Arctique. Il hiverne en pleine mer dans l’océan Atlantique, après une longue migration en mer vers le sud. Les tempêtes poussent parfois l’espèce vers le continent, entraînant quelques individus sur le littoral voire même sur une pièce d’eau à l’intérieur des terres.
En pleine mer, on les trouve dans les zones où la convergence des courants océaniques produit une remontée des eaux et on les trouve souvent près de groupes de baleines. En dehors de la saison de nidification, il voyage souvent en groupes.
C'est une espèce migratrice, et, fait inhabituel pour un échassier, il migre principalement en suivant les routes océaniques et passe l'hiver sur les mers et océans tropicaux. C’est lors de ces trajets migratoires qu’il s’observe depuis les côtes européennes.