Si cet été vous avez la chance de passer vos vacances – ou même un week-end – sur la côte picarde ou en baie de Somme et que vous avez la possibilité de vous offrir une balade aérienne au-dessus de cette surprenante région, n’hésitez pas !
Dépaysement et découvertes assurés ! Sous vos pieds défileront des paysages aussi variés que surprenants, de Mers-les-bains, la romantique, à Saint-Valery, la médiévale, puis en survolant les falaises avant le bois de Cise, vous apercevrez déjà au lointain la Réserve Naturelle de la baie de Somme baignée dans une prodigieuse lumière, puis enfin Le Crotoy.
Avant de découvrir le site du Marquenterre et le massif dunaire, vous aurez peut-être la chance d’apercevoir des phoques se reposant sur un banc de sable, profitant des rayons du soleil loin de toute présence humaine.
Décollage immédiat !
Photographies aériennes Guy Sadet/Pilote Philippe Pallu
MERS-LES-BAINS
De falaises en falaises : de Mers-les-Bains à Ault-Onival
C'est au sud de la côte picarde que se profilent les dernières falaises du Pays de Caux. Culminant à près de 80 mètres, ces monuments de craie vive imposent leurs abruptes silhouettes face à la Manche, dont la houle arrache les silex qui migrent vers le Nord. Ils deviendront galets par le roulement des flots. C'est en fin de journée, quand les rayons du soleil éclatent sur les falaises et que les reflets sur l'eau révèlent des couleurs plus douces, que le spectacle est le plus étonnant.
Bois de Cise
Le bois de Cise, perché en crête de falaise entre Mers-les-Bains et Ault, est un bois naturel dont l'origine se perd dans la nuit des temps, situé sur une valleuse qui chute en mer. C’est sans doute l’un des sites les plus pittoresque de la côte picarde : le bois de Cise après avoir été un simple rendez-vous de chasse, va se transformer dès la fin du XIXe siècle grâce à la vogue croissante des bains de mer qui va révolutionner tout le littoral des bords de Manche. Quelques aristocrates fortunés prennent ainsi l'habitude de venir aux bains de mer sur la côte à la belle saison. L'arrivée du chemin de fer au Tréport fait apprécier à la bourgeoisie parisienne Mers-les-Bains et Onival-les-bains. Le bois de Cise, quant à lui, a été découvert par des promeneurs qui empruntaient le sentier des douaniers par la crête des falaises. C'est un certain Jean-Baptiste Theulot qui entreprit les travaux d'aménagement du site en 1898. Trois obstacles s'opposent au développement de cet étonnant endroit : l'impossibilité d'accéder à la mer parce que valleuse suspendue, le caractère sauvage de la plage et les difficultés d’approches à l'intérieur de la partie boisée. C'est au pic que l'ouverture de la falaise fut pratiquée par des ouvriers attachés à de solides cordages afin d’offrir aux estivants un accès à la mer.
De très belles villas, des chalets, des hôtels, des restaurants, casinos, squares, guinguettes, et une chapelle sortent de terre pour le plus grand bonheur de propriétaires fortunés. Une avenue coupe le bois jusqu'à la plage ; de nombreux sentiers, coupés d'escaliers, conduisent d'un versant à un autre du vallon. Ils portent des noms poétiques : les uns évoquent les fleurs, les fruits ou les arbustes du bois ; les autres des oiseaux ou des animaux du bois. Si l’endroit a connu quelques légitimes évolutions, il n'en demeure pas moins un lieu où il fait bon vivre, débordant de charme et de romantisme.
AULT-ONIVAL
LE HÂBLE D’AULT
CAYEUX-SUR-MER
BRIGHTON LES PINS
La pointe et le petit port du Hourdel
A l'extrémité nord de la plage de Cayeux-sur-mer se dessine la pointe du Hourdel . Cette pointe, qui s'avance vers le centre de la baie, abrite un petit port depuis 1833 aujourd'hui quelque peu délaissé en raison de l'ensablement de la baie. La pointe du Hourdel est l’avancée méridionale du poulier de la baie de Somme, qui progresse vers le nord par l'apport de galets fournis par la falaise du pays de Caux. Autrefois, le phare marquait la pointe nord de ce hameau de pêcheurs.
De nos jours, les touristes, visiteurs et randonneurs y sont plus nombreux que les pêcheurs, et les bateaux des plaisanciers ont remplacé ceux des marins-pêcheurs !
La chapelle des marins face à l’embouchure de la baie
La chapelle Saint-Valery – dite des marins – fut édifiée sur le promontoire qui surplombe la baie, lieu du premier ermitage de Valery qui fut plus tard canonisé et qui donna son nom à la ville. Profané pendant la révolution, cet édifice fut remplacé par une nouvelle chapelle construite en 1878. De style néogothique, respectant la tradition des murs en damiers de pierre blanche et de silex, elle a également comme particularité son clocher surmonté d'un goéland. Sur ses murs figurent de nombreux ex-voto, dont certains des grandes guerres.
C’est à l’endroit même où se dresse aujourd’hui cette chapelle que Valery serait mort le 12 décembre 622, au terme de onze années d’ermitage. Inhumé ici selon ses propres volontés, ses reliques auraient été dérobées par le comte de Flandre en 939, en même temps que celles de Saint-Riquier. Transportées à Montreuil-sur-Mer (Pas-de-Calais), c’est à Hugues Capet, alors comte de Paris, que revint la charge de les récupérer et de les restituer en leurs lieux et places. En 980, il vit Valery en songe : ce dernier lui promit le trône de France s’il s’emparait des reliques des deux saints. Ce fut chose faite en 981, six ans avant qu’il ne soit sacré roi de France par l’archevêque de Reims, à Noyon.
Le parc du Marquenterre
Au coeur de la réserve naturelle de la baie de Somme, le parc ornithologique du Marquenterre est une escale privilégiée pour des milliers d'oiseaux migrateurs.
Situé au carrefour des pays d'Europe du Nord et des pays d'Europe du Sud et d'Afrique, le parc du Marquenterre sert de reposoir pour des milliers d'anatidés, de limicoles et de laridés. Il est un lieu de nidification pour les cigognes, avocettes, hérons, aigrettes et spatules. Il s'étend sur 200 hectares de terre, dont plus de la moitié est issue d'un ancien polder agricole. Trois-cent-quarante espèces d'oiseaux sauvages ont pu y être observées, soit la moitié des espèces en Europe, dont plus d'une centaine niche sur le parc. Quatre mille oiseaux y sont bagués chaque année pour leur suivi migratoire. Dédié à l'observation de la nature depuis sa création, des espèces animales et végétales de la baie de Somme, le parc du Marquenterre a été conçu comme un havre de tranquillité et de nourrissage pour ses hôtes qui y font escale sans crainte. Certaines espèces y passent l'hiver ou y nichent au printemps. Les oiseaux qui séjournent en baie de Somme se réfugient dans le parc du Marquenterre quand la mer envahit l'estuaire lors des grandes marées d’équinoxe.
C'est un site d'observation parmi les plus importants d'Europe.
Retour de baie pour la calèche du Marquenterre
Fin de balade pour les visiteurs du parc qui ont choisi ce moyen on ne peut plus écologique – la marche à pied mise à part ! – pour visiter la baie en compagnie d’un guide nature.
Dans l’immensité de la baie, les deux solides chevaux de trait boulonnais rentrent au bercail, tractant bravement la calèche, la journée s’achève.
Bouchots entre Quend et la pointe de Saint-Quentin-en-Tourmont
La Réserve Naturelle
D’une superficie de 3000 ha, la Réserve Naturelle située au nord-ouest de la baie s’ouvre sur la Manche entre la pointe de Saint-Quentin-en-Tourmont au nord et celle du Hourdel au sud.
Plus de trois-cents espèces d’oiseaux ont été recensées dans la réserve naturelle, parmi lesquelles l’huîtrier pie, le tadorne de Belon, le héron cendré, le canard siffleur, le vanneau huppé, le pluvier argenté, la spatule blanche… La réserve abrite également une flore riche et variée.
On observe la parnassie des marais, l’élyme des sables et le chardon des dunes, emblème du Conservatoire du littoral.
Côté mer, ce milieu remarquable bercé par le mouvement perpétuel des marées, est un site d’exploitation des coques – hénons en picard. Tous les bancs de coquillages exploitables sont situés dans la réserve naturelle.
Côté terre, la réserve naturelle est constituée par le parc du Marquenterre, signifiant littéralement « mer qui entre en terre ».
La plus grande menace pour la réserve est l’ensablement qui diminue les surfaces de vasières productives de ressources alimentaires pour les oiseaux, notamment les limicoles, et conduit à la végétalisation de surfaces de plus en plus importantes.
Au fond de la baie, le repos des phoques
Au milieu de nulle part des phoques se reposent là où l’homme ne viendra pas les déranger.
Le mois dernier, trois-cent-quatre phoques veaux-marins et quatre-vingt-trois phoques gris ont été observés sur un reposoir à marée basse par l’association Picardie-Nature.
Un troupeau de moutons paissant dans les mollières face à Saint-Valery
Agneau d’herbage, l’agneau de pré salé pâture entre 75 et 200 jours par an en baie – de mars à novembre – et se nourrit de la flore (obione, aster maritime, pucinelle, salicorne…) saline et iodée des pâturages régulièrement recouverts par la mer (mollières ou prés salés).
C’est cette végétation unique qui donne à la viande son grain très fin, sa couleur rosée et sa saveur exceptionnelle, faite d’un parfum subtil d’iode, de flore maritime et de noisette légère qui fait le plaisir des gourmets.
Ce produit bien picard a obtenu son AOC en 2007 (pour obtenir l'appellation, les agneaux doivent pâturer en baie au minimum 75 jours). Le cheptel s’élève désormais à 4 000 brebis. Chaque année, entre 1 800 et 2 000 agneaux naissent.
Des écrits remontants au Moyen Âge indiquent déjà la présence de moutons en baie. A l’époque, c’était le berger communal qui utilisait les mollières pour y faire paître les animaux du village.
Transmise de génération en génération, la passion pour l’élevage ovin a permis de perpétuer unsavoir-faire. Le berger, gardien des troupeaux de plusieurs éleveurs, connaît par coeur la baie et ses courants. Il mène son troupeau aidé de ses chiens au gré des chenaux et des marées.
Il existe quatre grands troupeaux de brebis en baie de Somme.
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