Sympathique et inattendue rencontre, l’autre matin, au détour d’un chemin du Hâble d’Ault (Picardie), avec une famille de chardonnerets élégants, montée à l’assaut d’un buisson de chardons en fleurs.
Si ces juvéniles, déjà bien gaillards, se nourrissent seuls, il leur arrive de quémander quelques becquées aux parents.
Un bel oiseau au chant mélodieux
Les jeunes chardonnerets n'ont pas encore les traits ni les couleurs caractéristiques des adultes. Ils ne portent pas de rouge sur la face, par contre ils arborent déjà un bandeau jaune sur les ailes. La tête et le dessous de leur corps sont beige blanchâtre et finement striés de brun.
Le chardonneret élégant a un bec conique et pointu, très adapté pour extirper les petites graines du coeur des capitules, des cônes et autres fructifications denses, notamment le chardon, ce qui lui vaut son nom. Il se nourrit en voletant d'une plante ou d'un arbre à l'autre, souvent suspendu par les pattes, tête en bas.
Les populations de chardonnerets élégants sont classées parmi les espèces en danger. En effet, leur nombre a fortement baissé durant le siècle dernier, notamment à cause de l’usage intempestif des pesticides qui compromettent la survie de ces oiseaux dont la nourriture est composée quasi-exclusivement de graines. Se nourrir devient, de ce fait, plus compliqué. Ils sont également victimes d’éleveurs peu scrupuleux qui les capturent pour en faire des oiseaux de volière, bien qu’aujourd'hui l'espèce soit protégée : il est strictement interdit de les garder en captivité.
Le chardonneret prélève très rarement des baies. En période de nidification, il peut agrémenter son régime alimentaire de quelques invertébrés : petits coléoptères, diptères, pucerons, chenilles et larves qui servent également à nourrir les jeunes au nid.
De l’or en cage !
Cette espèce protégée, réputée pour son chant mélodieux et son ravissant plumage, fait l'objet de ventes illicites, en dépit de l'existence de chardonnerets d'élevage, eux autorisés à la vente.
Cependant certains exploitent ce filon en transgressant l'interdiction de capture dont cet oiseau fait l'objet.
Malgré cette interdiction, des filières d’approvisionnement sont démantelées régulièrement en France.
Des chardonnerets sauvages en cage et du matériel de capture sont régulièrement retrouvés. Les outils servant à la capture sont très simples : la plupart du temps, les braconniers se munissent d'un chardonneret en cage, surnommé un appelant, qui chante pour attirer ses congénères. Certains préfèrent un magnétophone sur lequel ils ont enregistré le chant du chardonneret. Une fois les proies attirées, elles se posent sur un gluau, un bâton enduit de glu.
Pour capturer les oiseaux, certains braconniers n’hésitent pas à installer des filets japonais, longs de deux à plusieurs dizaines de mètres dans les jardins ou dans les friches industrielles.
Dans le Nord, département le plus touché avec les Bouches-du-Rhône, les chiffres sont édifiants : au cours des deux dernières années, 633 passereaux – des chardonnerets pour la plupart – ont été saisis par les agents de l’ONCFS. En fonction de la beauté de leur plumage et de la qualité de leur chant, les passereaux se négocient entre 30 et 150 €.
Certains éleveurs n’hésitent pas à créer des hybrides en croisant, par exemple, un chardonneret avec un canari, donnant ainsi naissance à des mulets pouvant peser jusqu’à 1 000 €. La vente clandestine se fait sur des marchés locaux et dans des lieux non officiels, chez les particuliers. Des cas de braconnages ont été relevés un peu partout en France : dans le Nord, en Alsace, en Isère, en Corse...
A Paris, des trafiquants débusqués au marché aux oiseaux de l'Île de la Cité ont été condamnés. Interpellés en possession de 46 chardonnerets, ils doivent verser des amendes de 1 000 à 3 000 €. Un an de prison, c'est la peine maximale encourue pour toute personne coupable d'un tel délit, et 15 000 € d'amende. En France, entre 2001 et 2014, la population de chardonnerets a chuté de plus de 50 %.
Il est notoire qu'en Afrique du Nord, l'espèce est maintenant en fort déclin du fait des captures inconsidérées. Une mauvaise nouvelle pour les chardonnerets nichés en France, dont la tranquillité risque d'être encore un peu plus troublée par des passionnés de plus en plus… rapaces !
La colonie de Sternes caugek du Hâble
d’Ault
Au Hâble d’Ault – où ces photos ont été prises – une colonie de Sternes caugek s’est installée depuis le début du printemps sur un îlot caillouteux du plus vaste plan d’eau du site. L’endroit est idéalement situé, très proche de la mer, facilitant ainsi de rapides et incessants ravitaillements en poissons frais !
La Sterne caugek est un oiseau gris clair très pâle dessus et blanc dessous.
Elle porte un capuchon noir couronné par une crête plus ou moins dressée en huppe hirsute lorsqu’elle est excitée. Ses ailes fines et étroites sont blanc grisâtre avec pointes sombres aux primaires externes.
Grégaire, elle vit en colonies sur les îlots, sur les plages bordant les laisses de haute mer, parfois sur les prairies des polders ou sur des rochers bas. La colonie est compacte, avec les nids très voisins, à moins d'un mètre les uns des autres. Les deux parents font un trou dans le sol, parfois garni d'herbes. La femelle pond en mai-juin, généralement un ou deux oeufs.
L'incubation dure environ vingt-trois jours, assurée par les deux parents, tout comme le sera le nourrissage.
Les poussins abandonnent le nid au bout de quelques heures et volent au bout de cinq semaines.
INSTANTANÉS
Tarier pâtre
Ce gracieux petit oiseau doit son nom au fait qu’il fréquente les milieux où paissent les troupeaux. Il aime se poser à découvert sur des poteaux, des ajoncs ou des hautes branches d’arbustes.
Il guette ainsi les insectes, sa principale source de nourriture.
Tête noire avec une grande tâche blanche aux côtés du cou, poitrine orangée et croupion brun, le mâle présente un plumage très coloré. Tout aussi charmant, celui de la femelle est toutefois moins contrasté.
D’année en année, le couple conserve le même territoire de reproduction. Composé de feuilles et de mousse, le nid est installé à même le sol dans une excavation repérée dans un talus, au pied d’un buisson ou en bordure de chemin.
Pipit farlouse
Le pipit farlouse aime s’élever dans le ciel entonnant un chant – c’est grâce à ses pit-pit qu’on le reconnaît – pour ensuite se laisser retomber comme un parachute.
Ce petit passereau discret apprécie les zones humides et dégagées. Mais rien ne l’empêche de vivre dans les cultures, les friches et de venir sur le littoral.
Il se nourrit d’insectes, de graminées, de larves et d’araignées.
En mai et juin, la femelle construit un nid constitué de végétaux, de mousses et de crins. Elle peut pondre jusqu’à six oeufs. Ce petit oiseau se reconnaît par son plumage de couleur brun verdâtre, avec une poitrine crème striée de noir. Il est généralement migrateur mais dans certaines régions de France, il est sédentaire.
Partie de cache-cache avec le moustachu de la roselière
Panure à moustaches
C’est un oiseau inféodé aux roselières. Le mâle – ici sur la photo – est très facilement reconnaissable avec les très belles couleurs de son plumage ; sa tête est gris-bleu, avec une longue moustache noire caractéristique allant du bec à la gorge.
Pour se nourrir, la panure à moustache se déplace le long des tiges de roseaux, capturant adultes et larves d'insectes, ou bien elle descend au sol, sondant la boue humide. Ce petit passereau reste cependant difficilement visible car très furtif.
La chevêche d'Athéna
La chevêche d’Athéna, parfois appelée chouette aux yeux d’or est aisément identifiable.
De la taille d’un merle avec ses 22 cm de haut, elle est bien plus petite que la chouette hulotte et l’effraie des clochers. Son plumage est brun gris ponctué de tâches plus claires.
Ses yeux jaunes et ses sourcils blancs sont typiques. À l’origine, commune dans les vergers et les arbres creux dans lesquels elle niche, on la trouve maintenant au coeur des villages.
Les bâtiments anciens pourvus de cavités sont favorables à son accueil. Elle est en outre active en journée, particulièrement à l’aube et au crépuscule, périodes durant lesquelles elle chasse dans les prairies et les zones cultivées.
Elle se nourrit principalement d'invertébrés et de vers de terre, mais aussi de petits mammifères et d'oiseaux, ainsi que d'amphibiens.
AUX AGUETS
Jeune lièvre d’Europe