Chaque année depuis 2009, un troupeau de 450 à 500 moutons de race boulonnaise, dont on craignait la disparition dans les années 80, occupe en estive le site du Cap Blanc-Nez.
Samedi, un public nombreux a accompagné le cheptel de 500 moutons issus de six élevages locaux, en transhumance de la place d’Escalles au Mont d’Hubert. Les bêtes, resteront en pâturage jusqu’au mois d’octobre.
Cette manifestation fut l’occasion de faire connaître au grand public la seule race ovine régionale des Haut-de-France, ainsi que les actions menées par la filière économique L’Agneau Boulonnais®, Agneau des Terroirs du Nord, et également d’y découvrir les richesses naturelles et la qualité paysagère du site du Cap Blanc-Nez préservées par cette gestion pastorale adaptée.
540 hectares d’espaces naturels
Aujourd’hui, près de 540 hectares d’espaces naturels dans les départements du Pas-de-Calais et du Nord sont gérés avec des brebis boulonnaises issues du cheptel d’éleveurs professionnels, accompagnées de quelques béliers ; 60 % des surfaces se situent au Cap Blanc-Nez, et 30 % de l’effectif de brebis boulonnaises inscrites sont en estive sur ce site.
Cette opération de pâturage contribue directement à la sauvegarde de la race ovine boulonnaise et au développement de l’élevage.
Le Cap Blanc-Nez constitue un paysage remarquable, inscrit au sein du réseau des Grands Sites de France. Sans pâturage, les buissons et arbustes apparaissent ; les pelouses régressent, et le milieu se referme et évolue la plupart du temps vers un fourré boisé.
Le pâturage itinérant est donc une condition nécessaire à un entretien durable de ces milieux ouverts. Les prairies sèches calcicoles sont des milieux originaux abritant une flore et une faune exceptionnelle, riches en espèces d’intérêts national et européen.
Des agneaux d’hiver
Le pâturage du Cap Blanc-Nez permet aux éleveurs de produire des agneaux d’hiver qu’ils commercialisent au printemps suivant par le biais de cette filière.
L’impact économique est réel et mesuré puisqu’il permet à plusieurs exploitants de dégager un revenu de leur élevage et contribue au maintien de leur exploitation. Le site du Cap Blanc-Nez contribue à hauteur de 50 à 60 % à la filière L’Agneau Boulonnais®, Agneau des Terroirs du Nord.
Le mouton boulonnais a reçu le prix national 2017 de la Fondation du patrimoine pour l’agro-biodiversité animale au salon de l’agriculture à Paris.
L’objectif général du prix est d’assurer la promotion et la valorisation des races locales à faible effectif, races représentatives d’un patrimoine génétique unique, mais aussi de valoriser la biodiversité et la réhabilitation des espaces naturels protégés.
L’éco-pâturage, une idée qui fait son chemin
La loi Labbé, entrée en vigueur au 1er janvier 2017, interdit désormais aux collectivités d'utiliser des produits phytosanitaires dans les espaces publics.
À la place des herbicides, les moutons peuvent faire le travail ! L'éco-pâturage coûte moins cher que l'entretien des espaces verts avec des machines et du personnel ; en outre, les citadins apprécient la présence rassurante des animaux de la ferme.
Depuis trois ans, l'engouement ne cesse de croître, également auprès des entreprises ou des structures comme la SNCF ou les Voies navigables de France qui intègrent l'éco-pâturage sur plusieurs de leurs sites.
Des formations de bergers urbains sont même dispensées par une entreprise située à Bousbecque, dans le Nord.
ORNITHOLOGIE
Dans l’intimité des spatules blanches
C’est un véritable bonheur que d’avoir pu passer quelques heures à pouvoir observer sans être vu ces magnifiques échassiers immaculés que sont les spatules blanches évoluant dans leur milieu
naturel.
Confortablement installé dans l’affût privé du parc du Marquenterre, très bien implanté (pratiquement au ras d’un plan d’eau) et faisant partie intégrante du paysage grâce à l’utilisation de matériaux judicieusement utilisés pour sa construction.
J’ai donc partagé ces moments d’intimité de ces oiseaux hors du commun, particulièrement beaux en cette période nuptiale : ils arborent une aigrette derrière la tête et une large tache jaune-orange sur la poitrine.
Même si j’avais l’impression parfois de jouer les voyeurs, à aucun moment je n’ai troublé leur quiétude.
En plus de l’affûtage, j’utilisais une très grosse focale et le déclenchement de mon boîtier était réglé en mode silencieux !
Un élégant échassier
Grand échassier de la taille de la grande aigrette, la spatule blanche est facilement reconnaissable grâce à son long bec en forme de spatule de couleur noire, avec du jaune à son extrémité.
Son plumage est entièrement blanc, ses pattes sont noires.
En vol, contrairement aux hérons, elle a le cou tendu, comme les cigognes.
Les juvéniles ont l’extrémité des rémiges noire.
Comme tout échassier, elle a de longues pattes, à l’image des hérons et des cigognes.
Les mâles sont plus grands que les femelles, et possèdent un bec et des pattes plus longs.
Elle est grégaire, coloniale en période de reproduction.
On l'observe le plus souvent en groupes dans les eaux peu profondes.
Tout en avançant à l'aveugle, parfois rapidement, elle fouille la vase du bec par des mouvements de balayage de gauche à droite.
Le régime se compose de petits poissons (épinoches) en eau douce, de crustacés (principalement des crevettes), d’insectes aquatiques, de grenouilles, de sangsues ou de vers.
Son nid est constitué de branchettes et accueille la ponte de trois à cinq oeufs (voire six) qui a lieu généralement en avril et jusqu’à mai.
L’éclosion a lieu après 21 à 25 jours d’incubation.
Les jeunes séjournent au nid quatre semaines, puis prennent leur envol à sept semaines environ.
Les deux sexes participent à la construction du nid, à la couvaison et à l’élevage.
En juillet, les groupes de juvéniles se rassemblent aux alentours des sites de nidification où ils recherchent eux-mêmes leur nourriture sur les meilleurs gagnages que constituent les étangs, les lagunes et les vasières littorales.
Cependant, la présence d’adultes déclenche chez les jeunes des comportements de mendicité.
Grooming
Une spatule blanche vient de glisser son impressionnant bec dans les plumes du cou de son partenaire : elle semble le chatouiller mais il n’en n’est rien !
Cette séance de nettoyage mutuel – que les anglophones appellent grooming – est bien commode pour l’entretien des zones corporelles difficilement accessibles par soi-même. Les parasites y sont également délogés.
Le grooming chez les oiseaux représente plus qu’un élémentaire geste d’hygiène, il est également une forme de communication tactile qui renforce les liens.
Les spatules au Marquenterre
L’histoire de la colonie de spatules blanches au Marquenterre ne démarre qu’en 2000, où l’on découvre que trois nids abandonnés dans la héronnière ont été occupés par des spatules et que des petits y sont nés.
Elles sont revenues plus nombreuses l’année suivante, jusqu’à édifier et occuper 83nids en 2014 !
Cette année, près de 75 couples nichent dans la pinède du parc, au sommet des pins laricio ; 600 couples nichent en France, 12 000 en Europe.
En Europe de l’Ouest, la population nicheuse augmente et se dissémine depuis une quinzaine d’années à partir des deux principales zones historiques de reproduction de l’espèce : les îles de la mer des Wadden au Pays-Bas, et les Marismas d’Odiel et du Guadaquivir en Espagne.
La colonie du Marquenterre est une des plus importantes du pays, mais surtout, elle est la seule que le public peut observer dans de bonnes conditions, avec une relative proximité mais sans occasionner de dérangements.
Les spatules ont confirmé leur originalité, car elles nichent au milieu des cigognes et des hérons, dans les pins.
C’est rare ! Habituellement, elles préfèrent les roselières et les petits arbres, les pieds dans l’eau.
Preuve ultime de la réussite de cette réintroduction : on peut observer des couples à l’extérieur du parc.
Une dizaine d’entre eux niche au sud de la baie de Somme ; d’autres en baie d’Authie, ainsi qu’à Merlimont (62).
L’arrivée de la spatule se fait plus tôt désormais, à partir de la fin janvier. C’est un indicateur du réchauffement climatique, et malheureusement de la destruction de son habitat en Afrique malgré la mise en place de réserves et de gros efforts dans des pays comme le Sénégal ou la Mauritanie.
Cohabitation réussie entre les cigognes blanches et les spatules au sommet des pins laricio de la héronnière du parc
Au printemps, le nombre de spatules augmente progressivement.
Le premier vrai pic se constate à la mi-juin. Il s’agit du premier rassemblement de jeunes nés sur le site.
Le passage de retour commence fin juillet et s’intensifie en août-septembre. Les migrateurs venant des Pays-Bas se mélangent avec les locaux.
Le samedi 4 août 2012, 474 spatules se sont posées sur les différents plans d’eau du parc, et le 5 août 2015, 469 échassiers ont pu être comptabilisés. Deux records pour le parc !
L’arrivée et les départs se succèdent jusqu’à fin septembre, quand les effectifs diminuent d’un coup, signalant un départ important.
A partir de novembre, une trentaine de spatules blanches débutent leur hivernage sur le site.
Rassemblement estival de spatules, lors de la migration postnuptiale des oiseaux venus des Pays-Bas, sur une prairie du parc
Le courlis corlieu en halte migratoire
Plus petit que le courlis cendré, il se reconnaît à son bec arqué plus court, à son bandeau oculaire clair et à sa raie médiane crème au-dessus de la tête.
Il niche en Europe du Nord, en Scandinavie, en Finlande, en Russie, en Islande, dans les îles Féroé et dans l'extrême nord de l'Ecosse.
Il ne fréquente la région que lors de ses passages migratoires, qui se font généralement la nuit et à très haute altitude.
Il se nourrit, de jour, en retrait de la côte, et passe la nuit sur le littoral.
C’est un visiteur régulier du parc du Marquenterre où j’ai pu l’observer dernièrement.
Le nid flottant des grèbes castagneux
Le grèbe castagneux est le plus petit des grèbes avec son corps rondelet, son cou court et son tout petit bec droit.
En période nuptiale, il arbore une calotte, un arrière du cou et un dos noirs.
Ses joues et son avant du cou sont brun-rouge à châtain. Il montre une tâche jaune à la commissure du bec.
Comme chez tous les grèbes, le nid, construit avec des roseaux et des branchages fins, est une sorte de petit radeau plus ou moins flottant amarré dans les roseaux ou à la berge par les branches d'un arbuste tombant dans l'eau.
D'avril à juillet, la femelle y pond cinq à six oeufs de couleur blanchâtre dont l'incubation est assurée par les deux parents pendant une période qui varie de vingt à vingt-sept jours.
Des secondes pontes ou des pontes de remplacement peuvent être effectuées jusqu'au début du mois d'août.
COHABITATION
Avocettes élégantes et chevaliers gambettes
Parc du Marquenterre