La grande aventure du Louvre-Lens naît au printemps 2003. Jean-Jacques Aillagon, ministre de la culture de l’époque, plaide pour une décentralisation des grands établissements culturels parisiens.
L'idée d'une antenne du Louvre en province voit alors le jour ; seule la région Nord - Pas-de-Calais propose six candidatures.
Fin novembre 2004, Lens, avec la friche de 20 hectares qu'elle offre en coeur d'agglomération, est désignée et, un an plus tard, les architectes de l'agence japonaise Sanaa remportent le concours.
La première pierre est posée à l'hiver 2009.
Ce 12 décembre 2012 le musée ouvre ses portes au public.
Le tableau d'Eugene Delacroix, La Liberté guidant le peuple, l'un des tableaux phares du musée a été tagué jeudi 7 février 2013, un peu avant la fermeture du musée, à l'encre indélébile, avec un marqueur.
Une femme a été immédiatement interpellée et placée en garde à vue. Le tableau devrait pouvoir être restauré. La visiteuse, qui est âgée de 28 ans, aurait tagué des inscriptions ayant trait à des revendications dont on ignore pour l'instant l'objet. Le "tag" ferait une trentaine de centimètres (l’oeuvre mesure 325 cm × 260 cm). On ne connaît pas encore la gravité du dommage. Selon le musée, l'inscription devrait pouvoir "être nettoyée facilement". L'établissement a porté plainte. "L’oeuvre va être expertisée dès ce soir par le département des Peintures du musée du Louvre et une restauratrice spécialisée, immédiatement dépêchée sur place, écrit le musée dans un communiqué. À première vue, l’inscription, superficielle, devrait pouvoir être nettoyée facilement. En fonction du diagnostic des spécialistes, la décision sera prise de déplacer ou non l’oeuvre pour sa restauration »
Heureusement le tableau a pu être sauvé. « L’intégrité de l’oeuvre n’a en rien été atteinte, l’inscription étant superficielle et restée en surface du vernis sans atteindre la couche picturale», se réjouit la direction. L'incident «ne remet pas en cause la volonté de faire partager à tous les chefs-d’oeuvre du Louvre à Lens, qui a déjà accueilli 205 000 visiteurs depuis son ouverture», souligne le communiqué du musée.
Sur un ancien carreau de mine
Le choix de s’implanter sur le carreau de la fosse 9-9 bis de Lens marque la volonté du Louvre de participer à la reconversion du bassin minier, tout en rappelant son riche passé industriel.
Afin de ne pas créer une enceinte imposante, les architectes de l’agence nipponne SANAA (Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa) ont opté pour une structure basse, facilement accessible, qui s’intègre au site sans l’écraser de sa présence.
Cinq corps de bâtiments de verre et de métal la composent. Ce sont quatre rectangles et un grand carré aux parois légèrement incurvées dont les angles se touchent.
Ils rappellent le palais du Louvre dont les ailes seraient étirées presque à l’horizontale.
Les architectes évoquent aussi des barques sur un fleuve qui seraient venues s’accrocher délicatement entre elles. Les façades en aluminium poli, dans lesquelles se reflète le parc, permettent une continuité entre le musée et le paysage qui l’entoure.
Le musée se divise en plusieurs grands espaces.
De la Galerie du temps au Pavillon de verre
La Galerie du temps ou Grande galerie : 3 000 m2, longue de 120 mètres, c'est la principale salle du musée, ses murs sont habillés à l’intérieur comme à l’extérieur d’aluminium anodisé. Elle bénéficie d’un éclairage naturel zénithal.
Y seront présentés par roulement des chefs-d’oeuvre du Louvre – plus de 250 – suivant un ordre chronologique, unique au monde, de la naissance de l'écriture au milieu du XIXe siècle.
Parmi les premières pièces exposées : La Liberté guidant le peuple de Delacroix (1831), La Madeleine à la veilleuse de La Tour ou Saint Mathieu et l'ange de Rembrandt.
Un véritable fleuve d'oeuvres, à la fois extraordinaire livre de connaissances et de découvertes. Les oeuvres (plus de 250) sont présentées selon un ordre chronologique, classées du 4e millénaire avant Jésus Christ au milieu du XIXe.
Ce sont 5 500 ans de l’histoire de l’humanité sans qu'aucun mur ne vienne perdre le visiteur dans son parcours. Unique !
Le Pavillon de verre, plus concis et situé dans la continuité de la grande galerie, a été pensé comme un espace d’approfondissement via, notamment, l'introduction de l'art contemporain dans des expositions thématiques. Près de 1 800 m2 sont réservés exclusivement à ces expositions !
D'immenses parois vitrées jouent avec la lumière, changeante suivant les heures du jour. L'aspect extérieur n'est donc jamais le même, l'apparence toujours majestueuse.
Deux grandes expositions y sont programmées chaque année.
La première est consacrée à la Renaissance. Elle propose un large aperçu de cette période féconde (le XVe et la première moitié du XVIe siècle) en Italie et dans le nord de l’Europe au travers de près de 270 oeuvres issues de tous les départements du musée : peintures, sculptures, dessins, gravures et objets d’art, dans une perspective plus artistique qu’historique. Elle s’interroge sur les mutations qui apparaissent à l’époque de la Renaissance, dans les modes d’expression, sur le plan esthétique et intellectuel.
Cette exposition est divisée en plusieurs thèmes. Le premier est consacré à la découverte du corps humain. Cette partie de l’exposition permet au visiteur de se faire une idée de la représentation que l’on se faisait du corps au XVe et XIVe siècle, grâce aux dessins de Michel-Ange ou d’Andrea Del Sarto, l’influence des modèles antiques (chez Botticelli, Lucas Cranach, Mantegna...) ainsi que le portrait (Raphaël, Jan Van Eyck, Bellini...).
On peut s’attarder sans modération devant l’admirable Vierge à l’enfant avec Sainte-Anne, de Léonard de Vinci, tableau récemment restauré. Dans le prolongement de l’espace des expositions temporaires, un espace modulable et pluridisciplinaire de trois cents places vient parfaire le musée : la scène. Au programme : spectacles, conférences, projection de films en lien avec les activités et les expositions du musée.
500 000 visiteurs attendus chaque année
Le soir de l’inauguration officielle par François Hollande, le Louvre était ouvert en avant-première exclusivement aux habitants de la ville qui se sont par milliers approprié leur musée.
Certains venaient au musée pour la première fois, ou presque, la plupart ont promis d’y revenir très vite, l’accès à la Galerie du temps étant gratuit pendant un an pour les habitants de la commune… une aubaine.
Ce ne sont pourtant pas les musées qui manquent dans le Nord - Pas de Calais, l’une des régions de France qui compte le plus grand nombre de musées : 48 exactement, labellisés Musées de France, dont certains très réputés comme le musée des Beaux-Arts d’Arras, La Piscine à Roubaix, Le MUba-Eugène Leroy à Tourcoing, le LaM à Villeneuve d’Ascq, le musée Matisse du Cateau-Cambrésis... sans oublier le Palais des Beaux-Arts de Lille et ses expositions d’envergure internationale.
La région compte aussi 150 musées thématiques et 140 musées insolites qui invitent à de véritables parcours de curiosités. Selon les chiffres du ministère de la culture, ils ont totalisé en 2010 plus d’1,3 million d’entrées, ce qui place le Nord - Pas de Calais, au 6e rang (sur 23), hors Ile-de-France, des régions les plus fréquentées pour ses musées.
Un effet Bilbao… ou pas ?
Les politiques, décideurs et investisseurs espèrent ardemment que les retombées du musée seront comme celles dont avaient bénéficié Bilbao après l’arrivée du Guggenheim. Mais Lens – 35 000 habitants – l'une des villes les plus pauvres de France (le revenu moyen annuel y était de 10 074 euros en 2010), avec 34 % de jeunes au chômage et 16 % de la population qui cherche un emploi , n’est certes pas la riante capitale de la province de Biscaye avec ses 950 000 habitants (agglomération) .
Cependant, Lens et les communes avoisinantes de l’ex-bassin minier ont également bien des raisons d’espérer.
Plus près de nous, Metz, qui a aussi misé sur le tourisme culturel avec l’implantation de Beaubourg Metz, a attiré plus de 1,5 million de visiteurs depuis son ouverture au printemps 2010, enregistre des retombées économiques non négligeables.
Quelque 700 000 visiteurs sont attendus à Lens et ses environs la première année et un demi-million les années suivantes.
La Vierge à l'enfant avec Sainte-Anne, l’ultime chef-d’oeuvre de Léonard de Vinci
Louvre-Lens en chiffres
Le projet a coûté 150 millions d'euros, dont 88 fournis par la région Nord-Pas-de-Calais, et le budget de fonctionnement est estimé à 15 millions d'euros par an.
28 000 m2 de surface totale
7 000 m2 de surface d’exposition et de réserves visitables, dont la Grande galerie(3 000 m2), la Galerie d’exposition temporaire (1 800 m2), le Pavillon de verre (1 000 m2), les réserves d’oeuvres d’art (1 000 m2)
6 000 m2 d’accueil, de services, d’ateliers, auditorium, La Scène, Centre de Ressources
1 hall d’accueil de 3 600 m2
6 600 arbres, 26 000 arbustes et 7 000 vivaces (en cours de plantation) dans un parc de 20 hectares
4 ha de prés et prairies fleuries et 1 ha de pelouse rase
1 auditorium de 280 places (La Scène)
6 ateliers pédagogiques
1 cafétéria
1 restaurant
1 librairie-boutique
1 médiathèque et un Centre de Ressources
36 000 visiteurs durant le week-end, précédant l’ouverture officielle.
Les visiteurs sont venus de l’ex bassin minier mais aussi de toute la région et pour certains même de beaucoup plus loin pour découvrir l'écrin culturel du Louvre à Lens.
Si samedi matin à l’heure de l'ouverture on ne se bousculait pas encore, au fil du week-end le flot de visiteurs n'a cessé de grossir- le Louvre Lens avait décidé de rester ouvert 32 heures d’affilée - Le musée a enregistré en journée un pic de plus de 2.500 personnes.
Dans la nuit de samedi à dimanche, il y avait aussi foule. Entre 1 h et 2 h du matin, ils étaient plus de 2.000 dans le musée.
Pour ces 32 heures non-stop et gratuites, le musée a accueilli 36.000 personnes.
Au total, pour sa semaine inaugurale débutée mardi, le Louvre-Lens a reçu près de 51 000 visiteurs.
Ce mercredi 12 décembre, c’est l'ouverture officielle au public.
Seule l'exposition Renaissance est payante (9 E en tarif plein), le reste du musée étant gratuit pour une durée d'un an.