C’est un spectacle aussi étonnant qu’amusant que peut offrir la panure à moustache lorsque cet oiseau surprenant d’aspect exotique daigne bien se montrer… car il se veut discret, le bougre !
Discret mais aussi terriblement remuant lorsqu’il évolue dans la roselière en grimpant avec une incroyable adresse le long des hampes de roseaux où il se laisse ensuite volontiers glisser avec agilité et élégance vers le sol pour réapparaître presque aussitôt au sommet d’une autre tige à l’autre bout de la phragmitaie afin de se nourrir de graines de roseaux.
La panure à moustaches, également appelée mésange à moustaches, est facilement identifiable, surtout le mâle grâce à la moustache noire très visible qu’il arbore. C’est un très bel oiseau de la taille d’une mésange charbonnière, bien que plus corpulent, avec la tête grise tirant vers le blanc en descendant vers le poitrail. Le reste du corps est brun cannelle avec des barres noires et blanches sur les ailes. Seul le mâle dispose de moustaches. La tête de la femelle est cannelle, et non grise ; le plumage est plus uniformément roux jaunâtre. La couleur de l’iris évolue avec l’âge, du gris au rouge cuivré.
Les ailes de la panure à moustaches sont marron-rougeâtre avec des marques noires et blanches, sa queue est presque aussi longue que celle de la mésange à longue queue, les pattes sont noires.
Quant au vol, il est peu assuré, avec des battements d’ailes virevoltants.
L’espèce est strictement inféodée aux larges roselières touffues et inondées où elle mène une vie discrète et très cachée.
Après une brève parade nuptiale courant mars, les couples s’établissent sur un site de nidification et bâtissent leur nid généralement à environ vingt centimètres au-dessus du niveau de l’eau, dans les enchevêtrements de vieilles tiges de roseaux ou des touffes de laîches. La femelle y pond généralement entre cinq et six oeufs vers fin mars et début mai. L’incubation des oeufs dure entre douze et quatorze jours, et est assurée par les deux parents. Seule la femelle couve ; le rôle du mâle est le ravitaillement de sa compagne. Après l’éclosion, les jeunes sont nourris au nid pendant dix à quatorze jours, puis volètent à proximité. Ils sont encore nourris pendant une dizaine de jours après leur départ du nid. Les jeunes ne s’éloignent pas de leurs parents, ils restent à proximité pour former des bandes familiales en automne et en hiver. Les parents effectuent une deuxième nichée durant le mois de juin sur le même site que lors de la première couvée.
La panure à moustaches a un régime alimentaire mixte, insectivore au printemps et en été – elle consomme également un grand nombre de larves et de chenilles qui représentent la nourriture privilégiée apportée au nid. Les insectes sont capturés sur la végétation émergente et en surface de l’eau. Des proies sont aussi capturées sous la surface, mais à très faible profondeur.
Les araignées, les insectes, leurs oeufs et larves sont capturés sur les tiges, souvent dans la partie inférieure.
Elle est principalement granivore en automne et en hiver, s’alimentant alors de semences de roseaux. Ce changement de régime alimentaire s’accompagne d’un changement radical de la structure du tractus digestif qui se produit en septembre et en février. Le jabot de la mésange à moustaches est d'ailleurs musclé comme celui des autres oiseaux granivores.
Madame Panure ( sans moustaches )
La destruction et la dégradation de son habitat exclusif, les marais à roselière, mais également la fauche répétée des roseaux, constituent les principales menaces pour l’espèce. Les aménagements portuaires et industriels, l’urbanisation, ainsi qu’une gestion hydraulique défavorable menacent encore les principales zones humides dont dépend la panure, d’où la nécessité de mesures de protection et de gestion des milieux.
ZOMM
HARFANG DES NEIGES : du Grand Nord au Nord … de la France
L’arrivée massive d’harfangs des neiges durant l’automne dernier dans le nord-est de l’Amérique du Nord, en particulier le long des côtes de Terre-Neuve ainsi que sur Saint-Pierre et Miquelon est vraisemblablement le résultat d’une conjonction de deux facteurs : une bonne reproduction de l’espèce favorisée par l’abondance de sa proie principale : le lemming des neiges. Lorsque la population de ce micromammifère est très élevée, les harfangs peuvent pondre jusqu’à douze oeufs. Mais la taille de ponte peut se réduire à trois à cinq oeufs si les lemmings sont moins nombreux et une population très basse du rongeur empêchera toute reproduction de ce rapace. A la fin de l’automne, une pénurie de lemmings a incité principalement les jeunes individus à migrer plus au sud, profitant d’une météo particulièrement clémente pour rechercher plus au sud, de nouvelles proies le long des côtes ainsi qu’en mer.
Si notre pays n’a pas connu une pluie d’harfangs, néanmoins plusieurs individus ont été repérés sur notre territoire ainsi que sur la côte belge.
Tout a commencé le 19 décembre 2013 où le magnifique hibou blanc fut observé pour la première fois du côté de Sangatte (Pas-de-Calais).
Quelques jours plus tard, il est aperçu à Zeebrugge en Belgique. C’est une femelle.
Elle restera plusieurs jours sur place, faisant le bonheur des ornithologues et des photographes animaliers. En revanche, on ne sait pas comment l'oiseau est arrivé là. Des observateurs sur place pensent qu’il a peut-être voyagé sur un navire. Des passagers d’un bateau ont mentionné la présence d’une chouette harfang sur un porte-container venant du Canada, mais ce n’est qu’une hypothèse.
Après son escapade sur le port de Zeebrugge, elle a été vue dans un champ à la tombée du jour, dans la région de Gand, toujours en Belgique. Une autre femelle a été vue le 12 janvier sur l'île de Ré et observée quasi-quotidiennement depuis. La présence de cet individu est une première en Charente-Maritime et en Poitou-Charentes. La semaine dernière, elle se trouvait encore sur place entre La Couarde et Loix-en-Ré, ainsi que dans les marais de la Percotte.
Le Nord de la France a également eu le privilège de recevoir ce merveilleux visiteur venu du cercle polaire ; c’est également une femelle qui pourrait être âgée de deux ans, mais rien à voir avec celle repérée à Zeebrugge en décembre. Celle-ci a été observée dans les Weppes – à quelques kilomètres de Lille – une première fois en janvier … puis plus rien, jusque il y a une dizaine de jours où elle réapparue toujours dans les Weppes, à Le Maisnil plus précisément, pour le plus grand bonheur des ornithologues et amoureux de la nature. Selon eux, « cela témoigne de la richesse des Weppes, de sa grande biodiversité due au paysage bocager toujours préservé jusqu’à maintenant ». C’est vrai que ce biotope, avec les petits bois, les prés, les bosquets, est vraiment une zone intéressante.
Les yeux du harfang des neiges, jaunes, sont disproportionnés par rapport à la taille de la tête. Ils sont fixes, ce qui oblige l'oiseau à effectuer de fréquentes rotations de tête pour surveiller les environs. Il peut tourner la tête jusqu'à 270 degrés. L'harfang des neiges possède une excellente vue et sa vision binoculaire lui permet de juger les distances avec précision.
Un hiver en Nord pour le hibou des marais
Buse variable dans les polders en Flandres
Majestueuses envolées au Marquenterre pendant les grandes marées hivernales en baie de Somme