Chaque année Saint-Valery-sur-Somme honore la mer avec enchantement et ferveur.
Les festivités se déroulent presque exclusivement au Courtgain, le pittoresque quartier des marins et pêcheurs, traversé par deux petites rues parallèles : la rue des Moulins et celle des Pilotes qui aboutissent à proximité du calvaire des marins - et de son oratoire - d'où le point de vue sur la baie est superbe, orienté face à la mer, c'est d’ici que femmes et enfants de pêcheurs venaient guetter le retour des bateaux.
Les maisons datant de la fin du 18ème et début du 19ème, serrées les unes contre les autres, comme des jouets, ainsi que les décrivait Anatole France*, sont construites en briques avec des parties en torchis, au soubassement noir et aux couleurs chatoyantes, respectent encore la tradition séculaire des marins pêcheurs qui s'embarquaient sur les « sauterelliers **» pour pêcher la crevette grise.
Ce quartier du Courtgain doit son nom aux faibles salaires que rapportait aux pêcheurs un labeur pourtant difficile et parfois périlleux.
La fête de la mer a été remise à l'honneur en 1933, après la reconstruction de la chapelle du calvaire.
A partir de 1981 la fête a évolué. La messe a d'abord été dite aux corderies, puis place Parmentier, où elle est célébrée actuellement.
Cette année, elle a été célébrée en la chapelle Saint-Pierre en raison des caprices de la météo.
Aujourd'hui les matelotes sont toujours présentes, avec leur châle brodé et leur coiffe « boulonnaise ».
Depuis 1995, grâce aux habitants du quartier, on peut apprécier le pavoisement des rues, à l'ancienne comme aux « fêtes Dieu » d’antan, avec les façades des maisons revêtues pour l'occasion de filets et de fleurs multicolores.
Chaque année, comme ce fut le cas ce week-end, le quartier était en liesse, plaisanciers, habitants et touristes ... sont venus nombreux comme pour partager avec joie et émotion, le fier passé maritime de Saint-Valery , également berceau de navigateurs célèbres comme Jean-Baptiste Perrée ( dit l’Intrépide ) ou Nicolas Lejoille (mort à 39 ans , devant le port de BRINDISI les cuisses arrachées par un boulet de canon) .
*Anatole France séjourne, en 1886 au n°75 du Quai Blavet.
C'est là qu'il écrit en partie «Pierre Nozière » où il dépeint Saint-Valery avec lyrisme et force détails.
** Canots de pêche non pontés de Saint-Valery sur Somme, gréés en bourcet-malet , propulsés à l'aviron et utilisés pour la pêche à la sauterelle (crevette) dans la baie de Somme .
Cliquez sur les photographies pour les agrandir
Un peu d’histoire …
Au XVIIIème siècle, la vie maritime est en plein essor.
Le commerce refleurit.
St Valery possède avec Calais le monopole de la réception des draps anglais.
Entre 1739 et 1785, 106 navires sur 200 attachés au port de St Valery sont construits par les deux chantiers navals de la ville.
Le sel arrive en abondance en 1736 : l'Entrepôt des sels est construit. La profondeur du port diminue et les premiers projets de travaux voient le jour.
Les pêcheurs du Courtgain …
Pêche et religion étaient intimement liées.
Les périls de la mer amenaient souvent des naufrages, encourageant ainsi, marins et pêcheurs à se confier au Dieu protecteur.
Les marins avaient «leur» église, la chapelle Saint-Pierre construite en 1723.
On ne se rendait à l'église Saint-Martin, dans la ville médiévale, que pour les grandes cérémonies telles que les baptêmes, communions, mariages ou cérémonies funéraires.
On vivait au Courtgain , en toute humilité dans une tradition
maritime, différente de celle de la ville haute ou du quartier de l’Abbaye, où vivaient les hommes et femmes de la terre, les maraîchers.
La pratique religieuse reposait plutôt sur les femmes, mais cela n'empêchait pas les hommes d'être présents en différentes occasions.
Au mois de mars, c'était la messe de la «bonne pêche», à l'occasion de l’ouverture de la campagne des «sauterelles».
Au mois d’octobre, une messe était célébrée pour la pêche aux harengs.
Lorsque survenait un drame en mer, on montait au calvaire et à
Notre Dame des Roches pour y brûler des cierges à la mémoire des disparus.
On pratiquait aussi le baptême des embarcations neuves avant toute navigation afin d’obtenir la protection divine.
En juin, pour la «fête Dieu» on partait en procession de l'église Saint-Martin, avec les prêtres et le Saint sacrement, le quartier avait tendu des filets piqués de fleurs. Sur les façades, quatre à six reposoirs étaient installés, et le cortège passait dans les ruelles jonchées de fleurs, en chantant.
Aux environs du 15 août, selon les horaires des marées, on bénissait la mer.
La messe était dite le matin à la chapelle Saint-Pierre.
Puis l'après-midi, on embarquait sur les bateaux.
Au large, une gerbe de fleurs était jetée dans les flots.
Avis aux visiteurs de ce blog :
Pour des raisons techniques, j’ai été amené à opter pour la version PREMIUM de la plate-forme Over-blog qui héberge ce blog.
Le site Nature-ailes possède maintenant un nom de domaine comme vous l’avez peut-être remarqué.
Cela a eu pour conséquence fâcheuse de supprimer le très grand nombre de vos votes via Facebook, tous les compteurs ayant été remis à zéro. Heureusement, vos commentaires ont été conservés.
J’en suis le premier désolé... et merci pour vos nombreuses visites !
G.S.