Chaque printemps me pousse à me rendre sur le bassin d’Arcachon.
C’est un lieu où j’aime me ressourcer après un hiver passé dans les brumes du Nord. Respirer l’air de l’Océan tout en profitant des paysages baignés par une jolie lumière me fait le plus grand bien.
Cependant, le plus clair de mon temps, c’est bien à la réserve ornithologique du Teich que je le passe.
Située sur les rives du bassin, près de l’embouchure de l’Eyre et parfaitement nichée au coeur du parc naturel régional des Landes de Gascogne, ce site occupe une position stratégique sur l’une des plus importantes voies de migration d’Europe occidentale.
C’est ainsi que, chaque année, au printemps, des milliers d’oiseaux y font escale pour s’y reposer, ou tout simplement se nourrir avant de repartir vers leur destination finale.
De nombreux passereaux construisent leur nid dans les buissons : verdiers d’Europe, rousserolle effarvatte, bouscarle de Cetti, bergeronnette printanière, et surtout la gorgebleue à miroir… encore que la femelle se montre particulièrement discrète en ce moment car déjà occupée à couver – elle ne quitte donc le nid que très sporadiquement. Quant au mâle, il a bien entendu déserté son poste de chant favori.
De nombreux oiseaux nichent sur place : cigognes blanches, spatules, hérons cendrés, grèbes huppés et castagneux, râles d’eau, oies cendrées, tadornes de belon, bihoreaux gris, aigrettes garzettes et autres milans noirs construisent leur aire dans les boisements proches.
Les îlots de la lagune Quancard –appelée également lagune Avocettes – sont particulièrement propices à la nidification des limicoles : grands gravelots et petits gravelots, échasses blanches et avocettes élégantes. Malheureusement, cette année, trop peu de limicoles y nichent, la faute sans doute aux prédations subies par ces espèces la saison dernière.
Effectivement, l’an dernier nous avons assisté à un carnage méthodiquement exécuté par les mouettes rieuses sur les poussins d’avocettes, d'échasses et de gravelots, dont le bilan s'établit par l’élimination totale des oisillons nés de cette première vague de ponte. Plus tard, les poussins de mouettes rieuses furent à leur tour tués par les milans noirs qui n’hésitent pas à récupérer, à chacun de leurs passages ou presque, une délicieuse et tendre petite mouette de quelques jours.
C’est la dure loi de la nature, ce phénomène faisant partie intégrante du système de régulation des populations animales.
Des mouettes rieuses très actives
… séduction, accouplement et dans la foulée , fabrication du nid
Bergeronnette ibérique (motacilla flava iberiae) La Bergeronnette ibérique a la tête d’un gris un peu plus foncé que la bergeronnette printanière classique, avec sourcil blanc fin mais complet. La partie latérale de la tête située sous l'oeil et partant de la base du bec jusqu'à l'oreille est plus foncée que la calotte. La gorge est blanche et le manteau légèrement plus brun. Elle niche dans la péninsule ibérique, en Afrique du Nord et dans le sud-ouest de la France. En fait, il existe de nombreuses sous-espèces de bergeronnettes printanières : la flavéole, parfois considérée comme espèce à part entière, la nordique qui niche dans le nord de la Scandinavie, la bergeronnette d’Italie qui, comme son nom l’indique, niche en Italie et même dans le nord des Balkans, et celle des Balkans.
Chevalier cul-blanc (Tringa ochropus) : Comme son nom l’indique, le Chevalier culblanc se reconnaît à son croupion blanc, barré de quelques larges bandes noires. Il se différencie des autres Chevaliers par le dessous de ses ailes qui est noir -blanc chez les autres-Très farouche, il est souvent observé quand il s'envole, prenant de l'altitude et s'éloignant très rapidement en zigzag comme une Bécassine des marais. En effet, c’est un migrateur qui ne reste que peu de temps sur son site de reproduction. Son arrivée est échelonnée entre mars et mai et les premières femelles repartent dès juin.
Petite annonce sérieuse : Jeune couple d’échasse blanche recherche endroit calme et sécurisé sur la lagune, en vue d’une très prochaine nidification. Exclut toute promiscuité avec mouettes rieuses !
CHEVALIER ABOYEUR… en livrée nuptiale Le Chevalier aboyeur est un limicole de taille moyenne et le plus grand des six chevaliers du genre, rencontrés régulièrement en Europe occidentale. En plumage nuptial, les parties supérieures sont gris cendré rayées de brun noir, la tête, le cou et la poitrine finement rayés de brun foncé, et les parties inférieures blanches, avec quelques barres diffuses sur les flancs. Il ressemble à plusieurs autres chevaliers de taille identique, plus particulièrement au chevalier stagnatile de structure et de teinte très semblables.
Après avoir passé quelques jours au Teich, je décide de me rendre quelques centaines de kilomètres plus au sud afin de visiter l’immense réserve naturelle des Aiguamolls de l’Empordà en Espagne.
Les Aiguamolls de l’Empordà : l’espace naturel
le plus emblématique de la Catalogne
Les Aiguamolls de l’Empordà constituent l’un des parcs naturels de Catalogne où s’observe une grande diversité faunistique. Ce parc est une zone de grand intérêt pour son patrimoine et ses paysages.
Les oiseaux font de ce site leur lieu de refuge et de repos. Plus de 300 espèces, dont plus de 80 nichent régulièrement ici, sont pour la plupart des espèces protégées et d’une grande beauté. Le meilleur moment pour visiter le parc des Aiguamolls est le printemps ou l’automne, durant les grandes migrations.
Cependant, tout au long de l’année il y a des choses à voir... Les oiseaux les plus colorés de l’Europe peuvent y être observés, allant des martins-pêcheurs, aux huppes fasciées, en passant par les guêpiers et rolliers d’Europe, les hérons pourprés, les échasses blanches, les flamants roses,ou les faucons et cormorans, ou encore les cigognes blanches.
Un nombre infini d’oiseaux trouvent ici leur lieu de refuge. Tôt dans la matinée, les visiteurs ont le plus de chance de voir quelques-uns des animaux qui vivent dans le parc, comme le sanglier, le daim, le cheval de Camargue, les loutres, les belettes, les blaireaux ou les renards roux. Il y a quelques années, a été établi un programme d’élevage pour les cigognes blanches, ainsi que la réintégration des loutres.
Hirondelles rustiques (hirundo rustica - barn swallow)
Afin d’apporter plus de confort et aussi pour solidifier le nid existant, les hirondelles n’hésitent pas à explorer les alentours afin de trouver les matériaux adéquats.
Certaines font leur marché dans une flaque boueuse, tandis que d’autres se chargent de récupérer des brindilles bien sèches dans les champs… tout en s’octroyant une petite pause – et pose ! – bien méritée sur une branche, au bord de l’étang.
… Deux jolies pelotes de laine duveteuse au sommet d’un pin
Hiboux moyen-duc juvéniles
Hiboux moyen-duc juvénile … émancipation de l’un des jeunes sous le regard toujours attentif de l’un des parents -ici la mère-
Le guêpier d’Europe, l’un des oiseaux
mythiques des Aiguamolls
A peine plus gros qu’un merle, il est sans doute l’un des plus beaux oiseaux que l’on puisse voir en Europe, ou du moins, l’un des plus somptueusement colorés. II a le dos brun marron à jaune paille, le ventre bleu turquoise, la calotte brune, la gorge jaune, les ailes allient brun, bleu vert et bord de fuite noir.
La queue est bleu électrique avec une pointe effilée. Un bandeau noir qui entoure l’oeil à l’iris rouge et le front blanc complètent cette incroyable palette des couleurs. Son bec noir est long et pointu, légèrement courbé vers le bas ; c’est un outil remarquable qui lui sert à la fois de pince pour chasser et de pioche pour creuser son terrier.
Migrateur, le guêpier arrive du sud de l'Afrique en avril-mai pour nicher et repart en août-septembre. Il a été pendant longtemps l'hôte exclusif du sud de l’Europe, mais depuis quelques décennies, l'évolution climatique l'a progressivement incité à s'installer dans la vallée du Rhône, en Suisse, et dans la plupart des régions de France et même au nord de la Loire.
Néanmoins, il se reproduit principalement dans le sud, y compris en Corse, où se trouvent les plus gros effectifs. Grégaire, ce dernier niche le plus souvent en colonies.
Le couple est le plus souvent monogame et peut-être uni pour la vie. Le nid consiste en un tunnel creusé avec le bec par le couple dans le sol meuble d’une falaise de sable ou de terre meuble naturelle ou artificielle (sablières ou anciennes carrières).
Cette galerie (ou terrier) peut atteindre deux mètres de long – en moyenne, un peu plus d’un mètre ; les trous, d’un diamètre de six à huit centimètres, sont généralement exposés au sud ou au sud-ouest.
Parades amoureuses et offrandes
Sur son perchoir, le mâle ou la femelle – il est très difficile de distinguer le sexe – appelle bruyamment son partenaire en l’accueillant en ouvrant une aile, voire les deux, en faisant vibrer la queue en éventail. Il gonfle également les plumes de sa gorge afin de mettre en évidence le noir de son collier.
Mais le rituel prénuptial le plus significatif est l’offrande de la nourriture à la femelle. Si cette dernière l’accepte, l’accouplement peut avoir lieu simultanément, la femelle prenant alors une position desoumission incitant le mâle à la féconder.
SYNCHRONISATION PARFAITE
Cette femelle de guêpier exhibe l’offrande alimentaire qu’elle tient dans le bec et que vient de lui proposer son partenaire, lequel n’hésite pas une seule seconde à entamer simultanément les préliminaires de l’accouplement. Il faut dire que le perchoir utilisé pour leurs ébats ne lui laisse que peu de possibilité de se manifester de manière plus sensible.
En général, le couple se tient parfois longuement côte à côte, posé sur une branche ou à même le sol. L'un s'envole et revient en se raidissant à la verticale, puis s'incline plusieurs fois devant son partenaire qui l'accueille en ébouriffant les plumes.
Le mâle présente ensuite une offrande – guêpe, papillon ou libellule – à sa partenaire en frétillant de la queue. Si cette dernière l’accepte, cela se termine dans la plupart des cas par l’accouplement.
Une seule ponte
A la ponte, six à sept oeufs blancs sont déposés par la femelle et seront incubés pendant un peu plus de vingt jours par les deux sexes. Une seule ponte est produite mais en cas d’échec, une ponte de remplacement est possible.
Les jeunes sont nidicoles et sont nourris par les deux parents pendant trois semaines tout en apprenant à capturer eux-mêmes les proies.
La famille restera réunie jusqu’à la migration. Le chasseur d’Afrique, tel qu’il est surnommé, se nourrit essentiellement d’hyménoptères, guêpes, abeilles, bourdons, frelons et en complément, d’autres insectes volants comme les odonates par exemple.
Il chasse à l’affût
Il peut repérer une proie jusqu’à une centaine de mètres, une fois après l’avoir saisie en vol, à partir d'un support d'où il a décollé (branche dénudée, racine sortant de la paroi ...), le guêpier revient sur son perchoir. Il assommesa prise en la frappant quatre à cinq fois contre le dur du perchoir pour enlever le dard et la ramollir.
Un seul guêpier peut consommer plus de deux-cent cinquante abeilles par jour !
Le vol est lui aussi typique : il alterne des battements d’ailes rapides avec de longs glissés, parfois très bas, un peu à la manière des hirondelles.