On dit de ce magnifique oiseau qu’il est plus facile de l’entendre que de le voir… et a fortiori de le photographier. Je confirme. Il ne m’a pas été aisé de réaliser ces quelques images prises aux abords des étangs de Villepey, près de Fréjus (Var).
J’ai joué à cache-cache avec le beau rallidé sans grand succès durant les premiers jours, si bien que j’ai dû improviser un affût de fortune et attendre de longues heures afin de l’immortaliser dans de bonnes conditions.
Cet oiseau se distingue de tous les autres rallidés par son long bec rouge. Mâles et femelles sont de même couleur et mesurent de 25 à 28 cm de longueur. Le dos est brun tacheté de noir et la poitrine est gris ardoisé. Son iris est rouge voire marron rougeâtre.
Sa courte queue est souvent relevée et montre des sous-caudales blanches. La gorge et la poitrine sont ardoisées. Il a de longues pattes rougeâtres.
La femelle est plus terne que le mâle. Le râle jeune a un bec plus court et moins coloré. Ses flancs sont aussi moins contrastés. Sa gorge et le milieu de la poitrine sont blanc terne ; il est gris tacheté en dessous.
Il mène une vie cachée dans les roselières, à proximité des étangs et des milieux humides, là où l’eau est peu profonde et de bonne qualité.
Grâce à son long bec effilé, il fouille la vase à la recherche d’aliments.
Le râle d’eau est omnivore, il se nourrit d’insectes et de leurs larves. Il consomme aussi des vers, des mollusques, des crustacés, des petits poissons, des araignées. Il ne néglige pas non plus les amphibiens et petits rongeurs mais également des matières végétales, surtout en automne et en hiver.
Vif et nerveux, le râle d'eau l'est lorsqu'il s'aventure prudemment à découvert pour picorer sur une plage de boue en lisière des roseaux.
A pas mesurés, s'il est tranquille, on le voit s'avancer et inspecter le sol en quête de quelque aliment. Le cou plus ou moins engoncé dans le corps et les battements de queue espacés dénotent encore une quiétude relative. Mais un rien l'alerte : le cou dressé, le corps soudain émacié et les jambes tendues, les mouvements rapides de la queue précèdent en un clin d'oeil sa fuite au pas de course vers un abri, fuite volontiers accélérée par des battements d'ailes et accompagnée de petits cris. Surpris, il prend un essor vertical, la pattes ballantes, vole sur quelques mètres au ras des herbes ou des roseaux, puis s'y laisse chuter et disparaît. Souvent résonne alors son grand cri poignant, comme celui d’un porcelet égorgé.
En effet, le râle d’eau vole peu et paraît alors très maladroit, ses ailes courtes ne lui permettant que de brefs déplacements.
Reproduction
C'est assez tard, entre fin avril et fin juin, que la femelle pond là sept à dix oeufs et les couve durant trois semaines, nourrie par le mâle qui la remplace pour de courtes relèves. Il arrive que, si la couvée est dérangée, les adultes transportent ailleurs les oeufs ou les poussins.
Ces derniers sont parfaitement capables de quitter le nid à peine sec, juste après leur éclosion.
D'habitude ils y demeurent plus longuement avant de courir derrière leurs parents, qui assurent entièrement leur alimentation pendant les cinq premiers jours. Ils commencent alors à picorer et à l'âge de deux semaines n'ont plus besoin de la becquée. Peu après, les adultes les abandonnent et ce n'est qu'à sept ou huit semaines qu'ils sont capables de voler.
Protection / Menace
Même si l’espèce n’est pas menacée, il n’en demeure pas moins que les effectifs sont en régression, tant en Europe que sur le territoire français.
La dégradation ou la disparition des habitats humides est sans conteste une cause de menace potentielle dans les secteurs où le râle d’eau niche, migre ou hiverne.
On ne compte plus que 10 000 à 25 000 couples nicheurs en France et dans le nord de l’Alsace, la situation est plus préoccupante avec une chute des effectifs de l’ordre de 50 %.
La population nicheuse européenne est quant à elle estimée à 160 000 couples. Elle est par ailleurs en fort déclin dans les pays de l’Est.
Le râle d’eau est chassable mais cependant peu apprécié des chasseurs et les prélèvements cynégétiques sont de ce fait assez faibles.