Hibou Grand-duc ou Grand-duc d’Europe ( femelle )
Chouettes hulottes ou chats huants
L’unique hôpital de la faune sauvage de la région Nord - Pas-de-Calais – plus exactement : un centre de soins* pour animaux sauvages blessés – se situe à Inxent, charmant village de la vallée de la Course, non loin de Montreuil-sur-mer et d’Etaples, dans le Pas-de-Calais.
Ce centre de soins, installé dans une ancienne scierie depuis l’année 2012, est géré par l’association OISO (Observation, initiation, soins aux oiseaux) créée en 2006 suite à la fermeture du centre régional de soins pour animaux sauvages de Villeneuve d’Ascq, près de Lille.
L’association présidée par le docteur vétérinaire Jacques Bonvoisin, maintenant à la retraite, travaille en étroite collaboration avec les LPA de Lille, Calais et Roubaix, l’O.N.F. ainsi que la LPO du Nord et celle du Pas-de-Calais, également avec l’association Eden 62 et les équipes du Parc naturel régional des caps et marais d’Opale.
Depuis la création de ce centre plus de 1500 oiseaux – du plus petit passereau au rapace à l’envergure impressionnante – ainsi que de petits mammifères – écureuils, hérissons – sont passés par Inxent et la plupart, guéris, ont pu regagner leur milieu naturel. M. Bonvoisin est actuellement aidé dans sa tâche par une soigneuse animalière et deux jeunes femmes en service civique.
* 41 centres de soins en France mais seulement 7 dans le quart nord, soit un déficit notoire… alors que notre région compte 120 km de façade maritime. Ces départements sont sous-équipés en matière de centre de soins et consacrent peu de budget à la protection et aux soins dus à la faune sauvage.
Un bloc opératoire
Les soins et gestes vétérinaires sont exécutés dans le bloc opératoire du centre, usant ainsi d’un personnel adapté et de la qualité du matériel – actes de radiographie, usage de produits à détention réglementée, salle d’opération… Le taux de survie et de guérison est directement lié à la précocité de la prise en charge et de la mise en oeuvre des soins. L’objectif du centre est de garantir à l’animal un retour à la vie sauvage dans les meilleures conditions sans lui infliger de souffrances inutiles.
Suite aux opérations chirurgicales, l’oiseau fait l’objet de soins intensifs et spécifiques tels que traitements anti-inflammatoires ou antibiotiques, pansements réguliers, gavages ou actes de kinésithérapie. La rééducation s’achève ensuite dans des volières adaptées aux exigences de l’animal.
Le suivi et l’alimentation des oiseaux pendant cette phase sont très techniques.
Sous la conduite du muséum d’histoire naturelle de Paris, des recherches sont pratiquées sur des prélèvements de sang des oiseaux afin de faire progresser la connaissance des parasitoses de la faune sauvage.
Constatant que rien n’était fait dans ce sens, l’association a entrepris d’inventorier les parasites externes et internes hébergés par nos pensionnaires depuis le 1er janvier 2013.
La convalescence de l’animal dure, suivant la gravité de ses blessures et ses capacités de récupération, de un à trois mois. L’animal est ensuite bagué, enregistré et relâché.
« Nous avons constitué un important réseau bénévole d'une trentaine de cabinets vétérinaires de la région qui nous envoient des animaux mal en point, précise M. Bonvoisin.
La plupart ont eu un accident avec une voiture ou ont été blessés par un chasseur, voire un chien ou un chat. Les animaux qui sont amenés tout de suite sont la plupart du temps sauvés. Ceux découverts deux ou trois jours après leur accident, et qui nous parviennent épuisés et amaigris ont moins de chances de survie. Nous ne nous acharnons alors pas et nous les euthanasions. Car nous ne sommes pas un hospice et nous relâchons les animaux une fois rétablis ». Cependant, rarement certains animaux soignés (dits imprégnés) ne peuvent être relâchés dans la nature car inadaptés à notre climat et à notre environnement. Il s’agit notamment d’oiseaux achetés dans des animaleries, souvent en Belgique, et provenant d’autres continents. Lorsqu’ils sont guéris, Ils sont alors confiés à des zoos, comme ce magnifique pélican blanc qui amuse maintenant les enfants fréquentant le zoo de Lille.
Camille examine au microscope et capte une image numérique d’un échantillon prélevé dans le bec d’un goéland malade qui vient d’arriver au centre.
650 m2 de volières !
Le centre se transforme peu à peu : onze volières, qui représentent une surface de plus de 650 m2, sont opérationnelles et d’ailleurs très bien adaptées pour le confort des volatiles. L’une des volières sera dans le futur équipée d’un système vidéo permettant d'observer les animaux en continu sans les déranger, lequel représentera un magnifique outil pour l’association qui veut également développer un travail pédagogique de sensibilisation aux animaux, et plus particulièrement à la faune sauvage, vers le grand public et surtout les enfants des communes voisines.
Busard des roseaux
Dans quelques jours commenceront dans le hangar principal situé à l’entrée les gros travaux de l’agrandissement du centre. Des bureaux administratifs, une salle d'exposition pouvant recevoir des groupes scolaires ou autres, une infirmerie, des sanitaires accessibles aux personnes à mobilité réduite seront construits. L’esthétique ne sera pas négligée, un affreux pylône en béton trônant devant l’entrée du centre, devenu obsolète car ne distribuant plus d’électricité depuis belle lurette, sera bientôt recyclé en plate-forme capable d’héberger un nid de cigognes ! Cet équipement est déjà en cours de réalisation en Charente et c’est une équipe d’ERDF qui se chargera de son installation.
L’idée n’est pas si saugrenue. Depuis trois saisons, à quelques kilomètres d’ici, en bordure de la baie d’Authie, sur le territoire de la commune de Groffliers, de jeunes cigogneaux nés sur place sont bagués par l’association EDEN 62 qui gère le site.
Cependant, il faudra peut-être attendre une ou deux saisons avant que ces fameux échassiers s’y installent et, pourquoi pas, nidifient sur place. Cette plate-forme sera sans nul doute une sacrée enseigne pour OISO… qui se verra de loin ! De quoi donner à Inxent un petit cachet alsacien !
Que faire si vous trouvez un oiseau blessé ?
Attrapez-le très délicatement en le recouvrant avec précaution d’un linge afin de ne pas l’effrayer. Déposez-le dans un carton, et entreposez-le dans un endroit calme et peu éclairé. Ne lui donnez ni à
boire ni à manger. S’il semble avoir froid, déposez dans le carton une bouteille d’eau tiède entourée par un linge. Si vous découvrez un oiseau pris dans les barbelés, n’essayez pas de le dégager, vous aggraveriez ses blessures et son stress ; coupez alors le barbelé au plus court.
Il ne faut surtout pas garder l’animal chez soi mais contacter rapidement le centre de soin (06 99 36 18 01 si vous résidez dans le Nord - Pas-de-Calais ; sinon, contactez l’antenne de la LPO la plus proche).
Faucon hobereau
A titre d’exemple, dernièrement, l'association a été contactée par un agriculteur de Havrincourt (62) qui avait découvert, lors de la moisson de son champ d'escourgeons, un nid de busards Saint-Martin avec quatre jeunes pratiquement volants. Malheureusement, cet agriculteur, n'ayant pas connaissance de la démarche à suivre dans ce genre de situation, a prélevé les jeunes du nid et les a gardés plusieurs jours chez lui avant d’appeler OISO. Cette petite erreur peut être dommageable car les jeunes actuellement dans les volières du centre auront de grandes difficultés lorsqu’ils auront recouvré la liberté : ils risquent en effet de mal maîtriser les techniques de chasse que leurs parents auraient pu leur transmettre et leurs chances de survie sont donc amoindries. Relâchés au taquet, ces busards ont retrouvé le milieu naturel cette semaine. On les voit parfois survoler le bois situé derrière le centre à très haute altitude ; tout semble heureusement bien se passer pour eux car ils ne reviennent plus à la volière pour s’y nourrir
Cette chouette chevêche ou chevêche d’Athéna* que Coralie tient presque entièrement dans la main est à peine plus grande qu’un merle ! A cause de sa petite taille , ses prédateurs sont nombreux. Les principaux sont la fouine, les chiens, les chats, le loir, l'écureuil, le rat surmulot, l'autour des palombes, l'épervier, le faucon pèlerin et la chouette effraie. Les routes en milieu rural constituent un danger pour la chevêche qui fréquente les bas cotés pour y chasser insectes, vers de terre et petits mammifères. En effet, la technique de chasse de cet oiseau qui consiste à voler bas ou posée sur le sol est une source d'accident.
* Elle doit son nom à la déesse grecque Athéna, dont elle est l'animal symbolique. Dans la Grèce antique, la Chevêche d'Athéna, attribut d'Athéna, symbole de la connaissance – la sagesse mais aussi la science – devint celui de la ville d'Athènes. On retrouve ainsi la chevêche accompagnée d'un rameau d'olivier sur les drachmes. On retrouve encore aujourd'hui la chevêche sur les pièces grecques de 1 euro.
Comment aider OISO ?
Nourrissage d’un jeune martinet
Il est possible de devenir adhérent de l’association, ou tout simplement de faire un don d’un montant de votre choix, ce qui servira pour l’achat de nourriture, de médicaments et du matériel de soins.
Les dons de matériels sont également les bienvenus. Il peut s’agir de matériel durable que vous n’utilisez plus : grandes cages, congélateurs, boîtes de transport, bassins en plastique, récipients, gamelles, serviettes éponge, linges. Récemment, le directeur d’une maternité privée à fait don d’une dizaine de couveuses en parfait état de fonctionnement mais remplacées par du matériel plus moderne. Ces couveuses seront installées dès que la salle vouée à l’infirmerie sera livrée. Elles seront très utiles en cas d’hiver rigoureux afin de réchauffer les oiseaux en hypothermie majeure.
Par ailleurs, un appel au bénévolat est régulièrement lancé pour la participation à des chantiers participatifs ciblés sur l’entretien ou la réfection des volières. Les personnes intéressées peuvent faire acte de candidature par mail (contact@association-oiso.fr), elles seront informées personnellement lors de la mise en place de ces chantiers.
Chouettes effraies ou effraies des clochers
Du fait de son vol rasant lors de la chasse, en général entre 1,5 et 3 m, l'effraie est particulièrement vulnérable aux collisions avec des véhicules. Ainsi, le trafic automobile est la première cause de mortalité : 40 à 70 % des effraies sont retrouvées mortes sur les routes. En France, le nombre d'effraies tuées annuellement est de l'ordre de 10 000 à 20 000.
Jeunes chouettes effraies
Cette buse variable découverte par un agriculteur, l’aile emprisonnée dans une clôture, a été déposée au centre par un membre de l’association EDEN 62. Ce dernier a intelligemment sectionné au plus près le fil barbelé sans essayer au préalable de libérer le rapace de sa fâcheuse posture, de peur d’aggraver ses blessures.
Après avoir reçu les soins appropriés aux plaies, il a ensuite bénéficié d’un traitement par antibiotiques. Il sera bientôt relâché.