Le butor étoilé est un héron trapu. Il mesure entre 70 et 80 cm d’une envergure de 1 à 1,30 mètre pour un poids de 960 g. à 1,94 kg chez le mâle, de 785g. à 1,15 kg chez la femelle. Sa tête est surmontée d’une calotte noire et son bec, long et pointu en forme de poignard, est vert jaunâtre, encadré de deux moustaches noires.
Les yeux sont jaunes ou rouge orangé.
Le plumage brun doré tacheté et rayé de noir. Les pattes sont verdâtres. Les mâles, qui sont légèrement plus grands que les femelles, se distinguent par la teinte bleutée que prend le bec à sa base pendant la saison de reproduction. La teinte générale des juvéniles est semblable à celle des adultes, mais généralement plus pâle dessous et la moustache demeure pratiquement invisible.
Son nom scientifique est botaurus stellaris, le terme latin botaurus (butio = crier, taurus= taureau) fait référence à son cri, comparable au meuglement d’un boeuf ou d’un taureau d’où son surnom de boeuf des marais. L’autre partie de son nom scientifique stellaris signifie étoile et se rapporte aux tâches et rayures noires de son plumage brun doré semblable chez le mâle et la femelle et qui se confond avec les tiges mordorées des roseaux.
Son chant – on dit qu’il butit – est très puissant ; il peut s’entendre jusqu’à cinq kilomètres.
C'est entre mars et juin qu’il émet ce chant à la tonalité proche de celle d'une corne de brume, seul indice de sa présence au sein d'une roselière ou phragmitaie, il est principalement émis la nuit, du crépuscule au petit matin, mais parfois également en plein jour.
Le butor, mystérieux et emblématique oiseau des marais, vit dans les zones humides avec une végétation dense où il peut se dissimuler. C’est aussi un oiseau très exigeant sur la qualité des milieux où il habite.
Il faut être chanceux pour apercevoir cet élégant héron au plumage extrêmement mimétique, soit en vol au ras des roseaux, soit à l'affût au bord d'un fossé traversant la roselière. Si ce dernier se rend compte d’une présence humaine, ou dès qu’il se sent en menacé, plutôt que de s'enfuir en s'envolant, il préférera courir se réfugier dans la roselière ou il adoptera une position immobile étonnamment mimétique, pointant le bec vers le ciel, le cou tendu au maximum, se fondant ainsi entre les roseaux dont il peut même imiter même les ondulations sous les effets du vent, en se balançant. Il se nourrit surtout de poissons mais également d’insectes, amphibiens, et plus rarement de petits mammifères et oiseaux.
Contrairement aux autres hérons qui vivent en colonies et dont les deux parents élèvent ensemble les jeunes, le butor est polygame (une à cinq femelles peuvent s’accoupler avec un seul mâle). Ce sont uniquement les femelles qui s’occupent de l’incubation et de l’élevage des jeunes. Le nid est placé au-dessus de l’eau ; il s’agit en fait d’une plate-forme flottante constituée de roseaux secs et d’autres végétaux. La majorité des pontes est déposée entre début avril et la mi-mai. Une ponte comprend de trois à cinq oeufs, exceptionnellement six, de couleur brune ou olive et parfois tachetés. La durée d’incubation est de vingt-cinq jours environ, et l’envol se produit cinquante-cinq jours plus tard mais les poussins sont capables de s’éloigner du nid à partir de l’âge de deux semaines environ.
Il faut être chanceux pour apercevoir cet élégant héron au plumage extrêmement mimétique.
Si ce dernier se rend compte d’une présence humaine, ou dès qu’il se sent en menacé, plutôt que de s'enfuir en s'envolant, il préférera courir se réfugier dans la roselière ou il adoptera une position immobile étonnamment mimétique.
Le butor étoilé est une espèce protégée en France selon la loi du 10 juillet 1976 – arrêté d’application du 17 avril 1981. Il est inscrit à l’annexe I de la directive Oiseaux du conseil relatif à la conservation des oiseaux sauvages, et fait donc partie des espèces faisant l’objet de mesures spéciales de conservation, en particulier en ce qui concerne leur habitat.
Cependant, dans les temps lointains, le butor était ardemment chassé et consommé.
Pour la petite histoire un récit authentique nous apprend que lors d’un dîner de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, organisé à Saint-Omer en 1454, il fut servit aux invités plus de quatre cents butors étoilés !
Une espèce gravement menacée de disparition
Le butor étoilé, oiseau menacé au niveau européen, l'est tout particulièrement en France : en trente ans, l’estimation de la population nicheuse a chuté de 35 à 45 % pour atteindre 332 en 2008. Ce dernier recensement indique plus une stabilisation des effectifs depuis 1983 qu’une augmentation de la population de mâles chanteurs. L’espèce n’est plus présente que dans dix régions, avec des effectifs variables, contre dix-neuf régions dans les années 70. Les principaux sites de reproduction se situent aujourd'hui sur le littoral méditerranéen (Camargue et étangs languedociens), dans l'estuaire de la Seine (RNN estuaire de Seine) et en Brière (Loire atlantique). Les principales menaces identifiées portent sur la destruction des zones humides et en particulier des roselières, la gestion hydraulique inadaptée, la dégradation de la qualité de l’eau, ainsi que la modification ou l’intensification des modes d’utilisation des marais à roselières. L’objectif général du plan national est de retrouver dans les quinze ans qui viennent la population de 1970, soit 500 mâles chanteurs. Pour ce faire, le PNR (plan national de restauration) prévoit seize mesures réparties dans trois domaines (l’étude, la protection et la communication). L’action première de terrain consiste en un diagnostic des roselières du territoire sur la base de la connaissance des besoins de l’espèce acquise dans le cadre d’un programme Life butor. Ce diagnostic permettra d’évaluer la capacité d’accueil des sites et de prévoir des travaux de restauration de la roselière ou une adaptation de la gestion des niveaux d’eau pour le butor. Des mesures de gestion contractuelles sont également proposées pour lutter contre l’atterrissement des roselières et éviter une exploitation pour le chaume néfaste à l’installation des nicheurs (source : LPO).
En Picardie
Le recensement des mâles chanteurs de butor étoilé en 2008 et 2009, dans le cadre du plan d’action, a été réalisé au sein de l’ensemble des roselières qui lui sont favorables.
Cette campagne de recensement a permis de comptabiliser un mâle chanteur en vallée de la
Somme, huit en Picardie maritime et deux individus sur les marais de la Souche et sur les marais de Sacy.
Hors période de reproduction, soit de mi-juillet à fin mars, les données de butor étoilé sont plus nombreuses et illustrent le fait que davantage d’oiseaux sillonnent la région (migration, hivernage).
Les individus hivernants occupent une plus grande variété d’habitats qu’en période de reproduction et sont moins exigeants en terme de surface d’habitats : marais à roselières et étangs, gravières, prairies humides, bordures de rives, canaux et fossés en eau.
Cependant, on peut se poser la question des liens entre qualité de l’hivernage et occupation des sites de reproduction.
L’abandon des pratiques d’entretien des marais (coupe du bois, fauche, pâturage), l’assèchement des marais sont notamment à l’origine d’un boisement et d’un atterrissement progressif des roselières. Les habitats des oiseaux des marais se sont ainsi fortement dégradés.
Les effectifs de butor ont notamment été particulièrement impactés avec une régression de plus de 90 % sur les 35 dernières années.
Actuellement, plusieurs zones humides d’enjeu écologique et notamment ornithologique font l’objet d’une gestion conservatoire avec entre autres comme objectif la restauration de roselières inondées.
Sept roselières situées en Picardie maritime ont été caractérisées dans le cadre de la seconde phase du plan en 2009 ; parmi ces sept sites, trois roselières sont favorables – deux ont accueilli le butor en 2009 – ou éventuellement favorables. Les quatre restantes sont trop sèches, trop petites ou trop clairsemées.
La population de l’intérieur du département de la Somme, cantonnée aux vallées de la Somme et de l’Avre s’est effondrée en trente années, passant d’une soixantaine de chanteurs à un seul.
Les marais de la vallée de la somme ont subi un déclin rapide de leur population de butor étoilé à partir des années 1980 : 60 chanteurs sont dénombrés dans les années 70, 15 à 28 chanteurs en 83 puis un mâle chanteur en 2009. En vallée de l’Avre, la forte régression est intervenue à la fin des années 80 avec une disparition constatée en 1992.
Sur les sites faisant l’objet d’une gestion conservatoire, les potentialités de restauration ont été identifiées et les différentes opérations de restauration sont mises en oeuvre dans le cadre des plans de gestion de sites (Source : LPO Picardie).