Pour sa première exposition archéologique, le Louvre-Lens a choisi de mettre en lumière la civilisation étrusque dans son contexte méditerranéen, à travers l’histoire de la cité de Cerveteri, l’une des plus grandes métropoles du monde étrusque, et surtout l’une des plus emblématiques.
C’est en effet la seule dont on puisse retracer toute l’évolution, depuis ses origines jusqu’à la romanisation.
Plus que pour toute autre, nous avons aujourd’hui une bonne connaissance non seulement de ses nécropoles mais également de son centre urbain et de ses grands sanctuaires.
Il est ainsi possible de présenter, à travers l’exemple de Cerveteri, les différents aspects de ce que furent les cités étrusques : la cité des vivants et les nécropoles, l’organisation politique, les relations avec l’Orient, la Grèce et Rome.
L’exposition du Louvre-Lens confronte pour la première fois les pièces des grandes collections historiques avec les résultats des fouilles menées ces dernières décennies dans le coeur de la cité antique et sur son territoire. Elle dresse de cette grande cité un portrait renouvelé, en même temps qu’elle rend compte de la place et du prestige dont elle jouissait dans l’Italie et la Méditerranée antiques.
Sur 1800 m2, la présentation rassemble plus de 400 pièces archéologiques issues des principales collections étrusques d’Europe. Parmi ces dernières, celles du Louvre, mais également du musée de la Villa Giulia à Rome, du Musée national de Cerveteri, du musée Grégorien étrusque du Vatican, du British Museum de Londres, de l’Antikensammlung de Berlin ou encore de la Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague.
Acrotère : cheval ailé
500-475 avant J.-C.
Terre cuite
Acrotère (élément architectural) : figure de guerrier
Vers 510 avant J.-C.
Terre cuite
Parmi les oeuvres présentées figurent des chefs-d’oeuvre de l’art étrusque, dont certains ont été restaurés pour l’occasion, comme le Sarcophage des époux, fleuron des collections étrusques du musée du Louvre, exposé pour la première fois hors de Paris et qui a fait l’objet pour l’exposition d’une nouvelle intervention de restauration à Lens, ainsi que des ensembles dispersés depuis le XIXe siècle et réunis pour la première fois, des pièces provenant des fouilles les plus récentes, menées à Cerveteri, mais aussi de fouilles d’épaves étrusques découvertes au large des côtes françaises.
Une maquette moderne de temple, des gravures et des dessins du XIXe siècle permettent d’illustrer les grands monuments et de documenter l’histoire des fouilles.
Des reconstitutions partielles donnent au visiteur une idée de l’échelle et de l’aspect de quelques monuments, tels que l’entrée d’un tumulus, une tombe ou encore le fronton d’un temple.
Pour la clarté du propos, le parcours de l’exposition est organisé de manière chronologique : la naissance d’une cité, les princes de Cerveteri : l’Étrurie, l’Orient et la Grèce (VIIIe-VIIe siècles avant J.-C.), l’apogée : Cerveteri à l’époque archaïque (VIe et Ve siècles avant J.-C.), les Étrusques face à Rome : Cerveteri et la romanisation (du IVe au Ier siècle avant J.-C.).
Hydrie (vase à transporter l’eau) : centauromachie
(Combat entre les centaures et les Grecs)
Peintre de l’Aigle
Vers 510 avant J.-C.
Terre cuite ; figures noires
Dinos (vase à mélanger l’eau et le vin)
Danse de satyres et de ménades
Peintre du Louvre E 736
Vers 525 avant J.-C.
Terre cuite ; figures noires
Antéfixe (élément architectural)
Représentant la déesse Uni
Fin du 6e siècle avant J.-C.
Terre cuite
Neuf amphores (vases à transporter)
5e siècle avant J.-C.
Terre cuite
Provient de l’épave du Grand Ribaud*
*La chronologie des amphores et de la céramique grecque s’accordent pour placer le naufrage entre 525 et 480 avant J.C. Peut-être peut-on réduire encore cette fourchette aux années 520-490, voire 510-500 avant J.C.
La cargaison de l’épave du Grand Ribaud fait référence au commerce régulier que les Etrusques entretenaient directement et sans véritable interruption depuis le VIème siècle avant J.C avec les populations de la Vaunage et du Languedoc oriental, vraisemblablement par l’intermédiaire du complexe portuaire de Lattes près de Montpellier.
Détail d’un Pithos (jarre) à panse cannelée. Métopes : griffon ailé, centaure et gorgonéion (tête de la Gorgone)
625-600 avant J.-C.
Terre cuite (impasto)
L'emblématique Sarcophage des époux
Le Sarcophage des époux – dit aussi Sarcophage de Cerveteri, conservé au Louvre – est une urne funéraire étrusque monumentale en terracotta – initialement polychrome – représentant deux époux allongés ensemble dans la pose du banquet étrusque. Cette pièce majeure a fait l’objet pour l’exposition d’une nouvelle intervention de restauration au Louvre-Lens.
Ce type d'urne funéraire est conforme aux traditions étrusques associées au culte de leurs morts : l'urne comporte un vase et un couvercle sur lequel est représenté, en sculpture, le défunt en position de banqueteur, allongé sur le triclinium et dans la pose du vivant, souriant, le coude gauche appuyé sur des outres à vin, les jambes enveloppées. Dans le cas présent, il s'agit d'une urne cinéraire double, et les deux défunts qui y sont incinérés sont représentés sur le couvercle en train de célébrer un banquet
couché. Le matelas du lit du banquet était décoré de bandes colorées. Des outres, dont une coincée sous le coude de l'homme, rappellent la consommation du vin. La femme versait du parfum dans la main de son époux, pendant que celui-ci l'enlace. Les yeux sont petits et en amande, le nez droit et dans le prolongement du front, le sourire présent, le menton pointu, et les cheveux méchés. L'une des mains, enchâssées dans le reste du corps, a malheureusement disparu pour l'homme de l'exemplaire du Louvre, mais l'exemplaire de la Villa Giulia permet de reconstituer le geste.
Cerveteri , l’étrusque
Cerveteri se situe dans la région italienne du Latium, à 42 kilomètres au nord-ouest de Rome.
La ville aujourd’hui compte environ 36 000 habitants. Elle est célèbre pour sa nécropole étrusque de La Banditaccia, classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.
Si, de la vaste cité antique, seul le théâtre romain a survécu, les nécropoles étrusques qui l’entouraient représentent des vestiges importants. La nécropole de Cerveteri présente, avec celle de Tarquinia, les sépulcres étrusques les plus intéressants. Contrairement à Tarquinia où l'intérêt du visiteur est porté sur les peintures, à Cerveteri de ce qui particulièrement important est l'aspect architectural des espaces funéraires. Les tombes sont de divers types : tranchées creusées dans le roc, tumuli, ou d’autres taillées dans la roche en forme de cabane ou de maison avec un luxe de détails architecturaux.
Elles constituent l’unique témoignage qui nous soit parvenu de l’architecture résidentielle étrusque. Certaines tombes du site sont monumentales. Nombre d’entre elles comportent des bas-reliefs, tandis que d’autres renferment de remarquables peintures murales. Installé dans la forteresse médiévale (XIIe siècle), le musée national (museo nazionale Cerite) expose le mobilier funéraire recueilli dans les nécropoles.
Sarcophage dit du Magistrat
Milieu du 4e siècle avant J.-C.
Pierre
Statue de Charun (démon funéraire)
Fin du 4e siècle avant J.-C.
Pierre
Statue votive d’homme drapé
3e siècle avant J.-C.
Terre cuite
… De Caere à Agylla
Son nom antique est Caisra pour les Étrusques, Caere pour les Romains et Agylla pour les Grecs.
Fondée sur un plateau de tuf, la cité antique contrôle un vaste territoire s’étendant de la côté tyrrhénienne au lac de Bracciano et aux monts de la Tolfa. Elle est reliée à la mer et aux ports de Pyrgi, Alsium et Punicum.
À partir de l’époque orientalisante, Cerveteri entretient des échanges commerciaux intenses avec la Grèce et l’Orient, mais également avec le reste de la péninsule italienne et notamment le Latium. Elle développe un riche artisanat, de terre cuite et de peinture. C’est à Cerveteri vers 675 avant J.-C. qu’apparaît le bucchero, une céramique typiquement étrusque, dont la surface noire, lisse et brillante, rend l’effet du métal. Le VIe siècle marque l’apogée de la cité, qui s’affirme comme une puissance méditerranéenne, ouverte aux échanges politiques, commerciaux et culturels avec les Grecs, Carthage et Rome.
En dépit de liens privilégiés avec Rome, Cerveteri connaît au IIIe siècle le sort des autres cités étrusques, menacées par la politique d’expansion des Romains. Après une série de conflits, les Romains confisquent en 273 avant J.-C. une partie des territoires de la cité pour fonder les colonies maritimes de Castrum Novum, Pyrgi et Alsium. Dès lors, Cerveteri perd peu à peu son autonomie et devient romaine en 90 avant J.-C.
Fragment du décor architectural, tête de la divinité Leucothée
Milieu du 4e siècle avant J.-C.
Terre cuite
Portrait d’Auguste, empereur de 27 avant J.- C. à 14 après J.-C. (fragment de statue)
40 – 50 ans après J.-C.
Marbre
Cerveteri, zone du théâtre romain (fouilles de 1840 – 1846)
Les Étrusques et la Méditerranée
La cité de Cerveteri
Louvre-Lens jusqu’au 10 mars 2014
L’exposition sera ensuite présentée au Palais des Expositions de Rome, du 14 avril au 20 juillet.